24 heures du Mans 2024
Textes et photos par Valentin Bourgeois.
Après une édition du Centenaire en 2023, qui, au travers d'un magnifique hommage à l'histoire et d'une course haletante, aura tenu ses promesses, beaucoup d'espoirs étaient mis sur cette 92ème course des 24 heures du Mans. Avec 23 engagés dans la catégorie reine "Hypercar", le retour de grands constructeurs et une nouvelle catégorie "LMGT3", c'est un spectacle au sommet qui s'annonçait et les 329 000 spectateurs l'ont bien anticipé. Retour en images sur une course copieusement arrosée, où pas moins de neuf voitures ont fini dans le tour du leader, un record...
Mercredi - Premier contact...
Pour ma quatrième visite aux 24 heures du Mans, c'est en tant que spectateur que je dois réaliser mes photos, l'accréditation m'ayant été malheureusement refusée. La frustration mise de côté, c'est comme un défi supplémentaire que je prends cette contrainte, car je peux tout de même assister à l'une des plus grandes courses au monde. Une petite relecture de mon guide ultime du spectateur aux 24 heures du Mans et c'est déterminé que je pars à la découverte du plateau lors de ce premier jour en piste...
Le mercredi, c'est le jour où l'ensemble des concurrents se retrouve en piste pour la premières séances de qualifications, celle qui permettra aux huit plus rapides de participer, le lendemain, à l'hyperpole. C'est le jour idéal pour voir les voitures s'envoler sur les vibreurs et boudins positionnés à la chicane du raccordement, avec une belle lumière de fin de journée...
Jeudi - La tension monte !
Après une nuit de sommeil bien méritée, aux dépens de photos lors de la seconde séance d'essais libres nocturne, je suis de retour sur le circuit pour la première course du weekend, celle du Lamborghini Super Trofeo Europe. La recette est simple : envoyez 43 voitures identiques en piste avec des Gentlemen Drivers ou des pilotes professionnels derrière le volant. La course est effrénée, les freinages pas toujours maîtrisés, quelques contacts et même des pneumatiques qui ne supporteront pas les contraintes imposées par le grand circuit des 24 heures, obligeant l'annulation de la seconde course. On verra aussi une belle parade Lamborghini, tandis que les essais qualificatifs de la Fun Cup nous offriront un spectacle des plus appréciables !
Retour aux voitures du World Endurance Championship pour les essais libres de l'après-midi, passés entre le Dunlop, les esses de la forêt et la chicane Motul...
Alors que la tension monte pour l'hyperpole, le gigantesque plateau de Road to Le Mans entre en piste pour nous offrir du spectacle pur, jusqu'à l'impressionnant accident d'une LMP3 vers Arnage, pour lequel la vision des glissières de sécurité ouvertes en deux hantent encore mon esprit. Une heure de réparation seront nécessaires avant de lancer enfin la session d'hyperpole tant attendue !
24 voitures en piste pendant 30 minutes avec un seul objectif : se mettre en haut de la feuille des chronomètres. Positionné dans la chicane Motul pour l'ambiance et pour la vue sur l'écran géant, l'ambiance est magique parmi les supporters de la Scuderia Ferrari, ceux de Porsche Penske Motorsport ou ceux de Cadillac Racing. Alors que Sébastien Bourdais se croyait en pôle, le tour parfait de Kévin Estre sur la Porsche numéro 6 se termine dans un fracas d'étincelles au passage de la chicane Motul : il est à l'attaque. La chicane du raccordement s'avale tout aussi vite, s'en suit le passage de la ligne d'arrivée et la Porsche se retrouve en première position, non sans exclamation du public et de votre serviteur !
Porsche en pole position des 24 heures du Mans. Le porschiste avéré que je suis est aux anges, c'est la première fois que je vis cela ! Direction la ligne droite des stands pour immortaliser ce moment, avec des feux d'artifices et une parade bien méritée pour les trois pole sitters : la Porsche 963 LMDh, la McLaren 720S GT3 du team Inception Racing et l'Oreca 07 LMP2 "Spike" d'AO Racing.
À peine la pression est elle retombée que le plateau entier est de retour en piste pour la dernière séance d'essais libres, nocturne cette fois-ci. La menace croissante d'une averse me pousse à faire quelques clichés avant de me réfugier in extremis dans mon véhicule, direction les bras de Morphée !
Vendredi : la parade des pilotes, c'est chouette.
Normalement, il n'y a pas d'action en piste la veille de la course pour cause évidente de repos. Mais cette année, les Fun Cup prennent possession du grand circuit pour quatre heures d'aspiration, de bataille et d'inévitables accrochages. C'est depuis le live timing que je suis la course, prêt à me rendre en centre ville pour la mythique grande parade des pilotes. Un moment de communion entre public et pilotes, où les passionnés qui cherchent juste à voir leurs pilotes favoris de près se retrouvent face à ceux qui ne viennent que pour les goodies, équipés d'épuisettes géantes et prêts à en découdre. Une chose est sûre, les pilotes se donnent à cœur joie de viser ces personnes qui ne connaissent même pas leurs noms...
Samedi : jour de course !
C'est de bonne heure qu'il faut se rendre sur le circuit pour le jour de course : les places le long de la ligne droite se remplissent à vue d’œil et il faudra bientôt dix à quinze minutes pour quitter son emplacement à cause de la fréquentation. Une fois la chaise pliante installée, je me rends au karting pour apprécier de plus près les voitures du Road to Le Mans prêtes à entrer en piste pour leur seconde course du weekend.
S'en suit une ellipse de plusieurs heures à patienter le long de la ligne droite des stands pour que les festivités du départ commencent enfin. Ces dernières commencent par la mise en grille, suivie de la Grid Walk, de la cérémonie d'arrivée du drapeau, de la marseillaise qui donne toujours autant de frissons avant la prononciation de "Pilotes, démarrez vos moteurs" par Zinédine Zidane. Passage de la patrouille de France, début du tour de chauffe... Le circuit se calme et tout s'accélère...
Il est 16 heures, les lumières passent au vert pour la Porsche Penske Motorsport numéro 6 et la course est lancée sous des nuages menaçants qui patienteront gentiment au dessus du circuit jusque plus tard dans la soirée... C'est parti pour deux tours d'horloge !
Les premières heures de course se passent sans encombre particulier, tandis que le soleil devient de plus en plus rare. Il refait une apparition une petite heure avant de se coucher, mais seulement sur la partie haute du circuit, entre le Dunlop et le Tertre Rouge. C'est d'ailleurs l'endroit où je me trouve pour quelques beaux clichés à la lumière rasante !
Au fur et à mesure que nous avançons dans la course, les prévisions météo se corsent et de la pluie soutenue est attendue pour le début de soirée. C'est le moment idéal d'aller faire un tour dans le village ou au Porsche Experience Center, afin de découvrir les dernières productions automobiles, quelques historiques et des concepts cars ! Je me retrouverai "piégé" dans ce village des constructeurs vers 23 heures, alors qu'une pluie intense commence à s'abattre sur le circuit. Fort heureusement, de nombreux écrans géants sont positionnés autour du circuit, permettant ainsi de garder un œil sur l'action en piste.
Je dois vous avouer quelque chose : la pluie, le froid et le manque d'accès bord de piste m'ont complètement démotivé à l'idée de tenter des photos de nuit à travers les grillages. Nous nous retrouvons donc au petit matin à la chicane Dunlop afin d'apprécier l'état de saleté avancé des voitures, après plus de quatre heures de Safety Car !
Oui, la nuit n'a pas été de tout repos pour les Porsche 992 Turbo S préparées par Manthey Racing. À cause d'un niveau d'eau en piste trop important et d'une pluie soutenue, les voitures de sécurité ont tourné pendant plusieurs heures jusqu'au point de devoir s'arrêter pour ravitailler en carburant ! Direction les esses de la forêt pour voir de plus près les voitures restant à l'appel...
Puis l'on recommence la même étape qu'hier, à savoir se positionner quelques heures avant l'arrivée dans la ligne droite des stands. La pluie reprend et les parapluies colorés offrent de belles compositions avec les voitures passant à vive allure !
16 heures, au terme d'un final haletant entre Porsche, Ferrari et Toyota, la numéro 50 de Miguel Molina, Antonio Fuoco et Niklas Nielsen passe le drapeau à damiers en premier. C'est une victoire Ferrari pour la seconde année consécutive sous l'extase des tifosis !
Voici les différents podiums de cette 92ème édition des 24 heures du Mans !
Terminons ce reportage photos avec un peu de détails sur les voitures ayant rejoint l'arrivée, au parc fermé. Le Mans a une nouvelle fois fait honneur à son histoire en proposant une magnifique course, entre aléas météorologiques, exploits techniques et spectacle en piste. À l'année prochaine, avec une accréditation presse je l'espère !