Chantilly Arts & Élégance - Richard Mille 2024
Textes et photos par Valentin Bourgeois.
Pour son 10ème anniversaire, le fabuleux Chantilly Arts & Élégance se réinventait pour mieux accueillir spectateurs, constructeurs et partenaires. Désormais tenu sur quatre jours, dont deux réservés aux exposants, les équipes de Peter Auto ont plus que jamais réuni arts, mécaniques et élégance sous un soleil radieux. Avec 28 000 visiteurs enregistrés au plus fort du concours, le dimanche, nul doute que cette septième édition fut une réussite. Retour en images sur deux journées aux côtés des plus belles voitures du monde !
Jour 1 : Samedi 14 septembre. Le Chantilly Tour.
Bien que les portes du château de Chantilly soient ouvertes depuis le jeudi, c'est le samedi que commence "mon" Chantilly. Comme à son accoutumée, c'est par le rallye touristique "Chantilly Arts & Élégance Tour" que Peter Auto lance les festivités avec, au programme, une centaine de kilomètres dans la campagne d'Aumale. Les années précédentes, nous disposions du parcours afin de se positionner en amont des voitures, mais cela n'est malheureusement pas le cas cette année et il faut donc compenser en suivant les participants et en prenant quelques paris sur le tracé selon ceux des précédentes éditions. Le premier arrêt, lui, ne change pas : le circuit d'essais de Mortefontaine. Ce premier contact nous permet de réaliser que de plus en plus de participants font le rallye, ce n'est pas pour nous déplaire !
Continuons notre périple avec un petit arrêt en plein milieu des Champs, le temps de laisser refroidir les mécaniques. Une Ferrari à 6 cylindres et une Porsche à 4 cylindres côte à côte, ce n'est pas tous les jours que l'on voit ça !
Le rallye suit un roadbook mais les participants semblent apprécier se déplacer en meute, tout un groupe arrive donc trente secondes après les photos que vous venez de voir. C'est l'occasion d'apprécier de manière dynamique la Ferrari 250 GTO châssis #3387GT, 2ème aux 12 heures de Sebring 1962 et vainqueur de catégorie aux 24 heures du Mans la même année...
Reprenons la route en direction de l'arrêt suivant, dans la petite bourgade de Montepilloy, un lieu que nous avions déjà découvert lors d'une précédente édition du rallye !
Dans un ultime essai de récupérer le convoi en coupant le parcours envisagé pour se positionner en amont de leur arrivée au Polo Club d'Apremont, je perds les voitures du rallye. Malheureusement, le spot sélectionné sera positionné 150 mètres après l'intersection qu'elles vont emprunter, ce que je réalise rapidement lorsque j'entends les vocalises du V12 Colombo Ferrari. Ce sont les risques de suivre un rallye sans disposer du parcours, direction l'arrêt déjeuner du jour auquel nous n'aurons malheureusement pas accès...
Sur ce double échec, c'est à quelques minutes du polo club que nous nous retrouvons, dans l'enceinte du château de Chantilly pour une première découverte du plateau. Une très belle exposition de McLaren historiques nous accueille sur le parvis.
Les pelouses Le Nôtre regorgent déjà de merveilles pour une première rencontre avec les protagonistes du concours d'état !
Pour cause, les juges du concours d'état sont déjà de passage sur les pelouses afin d'évaluer chaque engagé en vue de la remise des prix le lendemain. Les voitures sont rutilantes, les propriétaires ont même sorti leurs plus belles tenues assorties pour présenter des albums photos remontant l'histoire de leurs pépites. J'aime particulièrement écouter les histoires de chacune d'entre elles, comme cette AC Cobra 289 qui arbore encore sa livrée d'antan, jamais restaurée et récemment remise en route.
Jour 2, dimanche 15 septembre. Garden party sous le soleil !
C'est dans un froid presque glacial malgré le soleil omniprésent que le dimanche commence ! Après avoir bravé les quelques bouchons engendrés par une présence toujours plus forte des spectateurs, nous découvrons les pelouses encore gelées avec une lumière matinale de toute beauté. Les plus beaux costumes et robes sont de sortie pour ce dimanche chic à la campagne que l'on attendait depuis deux ans !
À 10 heures 40, les Cors de la fanfare retentissent dans le parc pour lancer officiellement le concours d'état autour du miroir central. L'ensemble des voitures engagées va défiler tandis que trois d'entre elles s'arrêteront pour recevoir prix spéciaux et première place. N'étant pas accrédité cette année, je choisis un spot plutôt atypique en privilégiant les marches du grand escalier menant au château, pour des plans englobant public, voitures et paysage !
Le manque de l'accès presse me pousse à repenser mes photos, je reprends la direction des pelouses pour apprécier les voitures en mouvement, au fur et à mesure qu'elles rejoignent leurs places respectives. Finalement, je pense que je préfère même ces photos aux traditionnelles autour du miroir central !
C'est désormais l'heure du déjeuner, ce qui veut dire, à Chantilly, l'heure d'arpenter les clubs et leurs magnifiques alignements autour du thème du déjeuner champêtre. En marge du concours se tient le grand prix des clubs, qui vise à récompenser celui qui proposera le plus beau plateau et la plus belle mise en scène. Inutile de vous préciser qu'on y trouve quelques pépites...
Retour au miroir central cette fois-ci pour le concours d'élégance, entre hypercars, concept cars, préséries et maquettes télécommandées. La belle McLaren Senna "Sempre", une art car peinte à la main dans les couleurs du Brésil ouvre le bal !
Nous découvrons ensuite la DS Automobiles SM Tribute, un "Manifesto" selon son designer qui rend hommage à la plus italienne des françaises. Carrosserie cuivrée, ominiprésence de noir brillant, passage de roues à moitié obstrués et poupe minimaliste, la voiture a une belle prestance et personnellement, je la trouve sublime. Lorsque le présentateur lui demande si l'on pourrait retrouver une version de série motorisée par Maserati, son concepteur botte en touche. On se prend alors à rêver d'une SM moderne, à motorisation électrique reprise de la Maserati Gran Turismo Folgore. Après tout, Maserati est dans le giron Stellantis !
Puisque l'on est dans les concepts, Renault présente la très réussie R17 Ora Ïto. Le designer français a été missionné de remettre la 17 au goût du jour tout en respectant son histoire, pour un résultat des plus jolis. Aérations sur le montant C, face avant minimaliste avec phares jaunes, gabarit compact et intérieur "à l'ancienne" sont la recette de ce magnifique néo-rétro !
Nous admirons ensuite l'Alfa Romeo 33 Stradale, une version de présérie qui se révèlera capricieuse lorsque le mannequin voudra ouvrir la porte passager qui restera close, suivie par la Quarkus P3 Pikes Peak, une voiture de compétition française qui puise dans le sport automobile afin de promouvoir sa version de série. Puis c'est au tour de Stellantis de défiler avec 2 voitures : Lancia Pu+Ra HPE Concept et Maserati Gran Cabrio Folgore. Une Countach 25th Anniversary dans une opulente robe rouge vient clôturer cette première partie du concours d'élégance.
Nous retrouvons ensuite la Zagato AGTZ Twintail, que nous avions déjà vue au Goodwood Festival of Speed. Mais les équipes de La Squadra, à l'origine du projet, ont prévu un défilé de haute couture lorsque la voiture s'arrête pour retirer sa "Longue queue" et ainsi changer de style. C'est audacieux, appréciable et malgré les 750 000 € demandés pour recarrosser une Alpine A110, il semblerait que les 19 exemplaires prévus soient déjà vendus.
Restons dans nos voitures françaises avec celle que tous les youtubeurs et autres tiktokeurs posteront immédiatement en réel avec un titre en majuscules, j'appelle la Bugatti Tourbillon. Alors oui, nous manquons d'adjectifs pour définir la remplaçante de la Chiron : moteur V16 atmosphérique fourni par Cosworth, monocoque carbone, générateurs électriques fournis par Rimac et compteurs dignes des plus belles créations d'horlogers suisses nous font penser qu'il s'agit là d'un des derniers glas de l'automobile passion. La voiture est majestueuse, avec une présence incomparable mais nous n'aurons pas encore l'occasion d'apprécier son chant divin car le modèle présenté est une présérie qui ne se déplace qu'à l'aide de moteurs électriques bridés à quelques kilomètres/heure. Les titres des réels publiés "Première mondiale dynamique de la Bugatti Tourbillon" nous feront donc doucement rire...
Apprécions une dernière fois l'ensemble des engagés au concours d'élégance !
Avant de retourner sur les pelouses pour immortaliser de nouveau les voitures du concours d'état en route vers le miroir central pour un ultime défilé.
C'est l'heure de l'annonce des différents vainqueurs de cette édition, à commencer par le prix du public pour le plus beau véhicule du concours d'élégance. C'est sans surprise la Bugatti Tourbillon qui se voit décerner le prix.
Le best of show
Le moment que tous attendent est arrivé : la révélation des best of show, comprenez le meilleur du meilleur. Parce que nous, français, ne faisons pas comme les autres, ce sont trois best of show qui sont décernés à Chantilly : avant-guerre, après-guerre et concours d'élégance. C'est ce dernier qui est remis en premier, l'occasion de revoir la Lancia Pu+Ra HPE Concept aux multiples références passées dont la Stratos pour les feux. Le concept est beau, il remet Lancia sur le devant de la scène et l'on apprécie la liberté créative des designers italiens !
Le Best of Show avant-guerre est décerné à... La Bugatti Type 35C #4871, un exemplaire dans son jus qui remporte un nouveau prix 96 ans après son premier, c'était aux coupes de Bourgogne avec Janine Jennky. Pour la petite anecdote, cette voiture sort d'une exceptionnelle collection vendue en 2020, dans laquelle se trouvait également une certaine Bugatti Type 59 Sports elle aussi extrêmement bien préservée, élue best of show de Pebble Beach il y a quelques semaines. Après l'époque des restaurations neuves jusqu'au dernier boulon, il semblerait que les préservations soient désormais appréciées et c'est une excellente chose !
Parce nous sommes chauvins, le best of show après-guerre est lui aussi décerné à une voiture française : la Talbot Lago T26 Grand Sport carrossée par Antem. Cette voiture est exceptionnelle par son histoire et sa mécanique : elle est équipée d'un moteur "Grand Prix" de près de 260 chevaux, et fut construite en 1949 pour Marcel Paul-Cavallier, jadis membre du comité de direction Talbot. C'est un modèle unique absolument fabuleux, dont les vocalises nous ramènent dans les grand prix de l'époque et au style incomparable. J'étais persuadé que l'on avait là l'un des best of show de cette édition dès le premier jour !
L'évolution, cette transformation continue qui pousse l'homme à se dépasser, se réinventer. Voici 100 ans d'automobiles réunies côte à côte !
Une fois les prix remis, les spectateurs quittent petit à petit l'enceinte du château et les pelouses redeviennent calmes, seulement dérangées par le balais des camions de transport. On revoit enfin certains modèles, pris d'assaut par le public tout au long de la journée, tandis que la lumière décline et révèle des couleurs orangées du plus bel effet.
La 250 GTO, véritable star du weekend non pas grâce à son palmarès mais grâce à son prix démesuré (la nouvelle passion automobile fait des ravages...), se retrouve enfin seule face au soleil. Ce dessin, cette livrée NART, le lieu nous poussent à l'évasion et mes yeux se perdent dans les nombreux détails. C'est bien une légende de l'automobile qui se dresse devant nous, peu importe son prix, c'est son histoire, ses exploits et son extrême beauté qui ont fait sa renommée.
J'arrive à décrocher de la GTO pour continuer mon dernier tour des pelouses, l'occasion d'immortaliser la classe des Formule 1 de 1964 à 1972, elles aussi prises d'assaut aujourd'hui.
Le soleil commence à tirer sa révérence, faisons donc un dernier passage sur le parvis du château pour y trouver une F40, comme laissée de côté dans ce somptueux décor. C'était Chantilly Arts & Élégance 2024, une nouvelle édition de notre concours favori qui a une fois de plus rempli toutes ses promesses. Rendez-vous dans deux ans !