Le Mans Classic 2025 - Les plateaux 1 à 6
Textes et photos par Valentin Bourgeois.
Si les 24 heures du Mans écrivent l'histoire, Le Mans Classic la raconte. Après l'extraordinaire édition 2023 rendant hommage au centenaire de la course, la barre était placée haute et les attentes n'étaient pas en reste du côté des 238 000 spectateurs s'étant déplacés pour l'occasion. La recette est toujours aussi simple : trois jours d'action sur le grand circuit des 24 heures, durant lesquels plusieurs centaines de voitures de course historiques assurent le spectacle - de l'ancêtre centenaire à la plus récente (années 2000), en passant par les fabuleuses Groupe C ou encore les dominantes Ford GT40. Saupoudrez le tout d'un abondant soleil pour commencer le weekend, puis arrosez copieusement de pluie le dimanche et vous obtenez le weekend le plus fatigant pour pilotes, photographes et spectateurs ! Je vous propose un premier retour en images sur les plateaux principaux de ce weekend, qui sera suivi par un second reportage sur les courses supports. Sortez votre plus belle salopette, mettez vous à la couture pour y broder quelques patchs vintage, et rendez-vous dans le paddock !
Plateau 1 - de 1923 à 1939 : il était une fois...
Ce premier plateau n'est probablement pas le plus apprécié des spectateurs, mais il est assurément celui pour lequel le respect est de mise. Composé uniquement de voitures d'avant-guerre, qui, autrefois, ont connu le circuit avant même qu'il soit bitumé, il propose de revivre les premières éditions des 24 heures du Mans, remplaçant les traditionnelles courses de ville-à-ville jugées trop dangereuses. On voit alors apparaître le premier circuit routier fermé à la circulation, tandis que les machines s'amélioraient. Alfa Romeo 8C, Bentley Blower, Bugatti Type 55 ou autres Aston Martin Ulster sont les protagonistes de ce plateau que j'ai appris à apprécier au fil des éditions. En piste, l'action est de mise lorsque des voitures dépourvues de freins avant se lancent à 160 km/h dans la ligne droite des Hunaudières...
Plateau 2 - de 1949 à 1956 : carénages et belles carrosseries...
Après dix ans d'interruption à cause de la guerre, le plateau 2 permet d'apprécier de nouveaux constructeurs tels que Porsche, Ferrari ou même Jaguar. Ces voitures sont bien plus évoluées, avec des moteurs améliorés avec un rapport chevaux/litre bien plus élevé. On y découvre des modèles comme les Porsche 356 et 550 Spyder, l’Aston Martin DB3S ou encore la Jaguar Type C, sans oublier les Ferrari 750S et 121 Scaglietti. Les carrosseries sont désormais affûtées, presque aérodynamiques, et les sonorités bien plus travaillées. N'oublions pas l'impressionnante Cadillac "Le Monstre" et sa carrosserie conçue pour optimiser les flux d'air !
Plateau 3 - de 1957 à 1961 : la puissance monte !
Les marques telles que Ferrari s'imposent désormais face aux Jaguar et Mercedes-Benz. Le plateau 3 est le témoin d'une période de domination du cheval cabré, qui, après les Mille Miglia, s'attaque plus sérieusement au Mans afin d'y décrocher des victoires. Ce plateau est toujours aussi agréable avec une première idée de ce que sont des courses multi-classes, quand les puissantes Lister Jaguar dépassent les MG A... On y voit aussi des carrosseries spéciales, telles que cette 250 GT "Breadvan" (camionnette à pain en bon français) et des pilotes de renom comme Andy Wallace, vainqueur en 1988. Ce plateau a même le droit à son propre départ type "Le Mans" le dimanche !
Plateau 4 - de 1962 à 1965 : duel au sommet !
Le plateau 4 commence à se rapprocher de ce que l'on a l'habitude de voir sur des événements historiques : Ford GT40, AC Cobra, Porsche 911 ou Ferrari 275 GTB. C'est aussi le plateau que j'ai le plus couvert lors de cette édition, ayant à photographier des connaissances ne roulant que sur celui-ci. L’occasion est donc idéale pour vous présenter l'organisation du week-end, qui s’étale en réalité sur quatre jours. Dès le jeudi, l’enceinte générale et les paddocks ouvrent leurs portes, permettant au public de découvrir les voitures à l’arrêt, tandis que les équipages finalisent leurs préparatifs. Le lendemain, les choses sérieuses commencent : essais libres et qualifications s’enchaînent en piste, et déterminent l’ordre de départ de la première course du week-end, prévue pour le samedi… Voici quelques clichés de ces premiers essais libres, ponctués de petites erreurs de pilotage sans gravité !
Les participants vont donc profiter de deux séances d'essais libres le vendredi, de jour et de nuit. Cette seconde session permet à tous de s'acclimater aux changements nocturnes de la piste, pour une meilleure maîtrise des courses. Pour le plateau 4, c'est au crépuscule, avec un ciel de feu que la horde de voitures arrive à plus de 250 km/h où je me suis positionné, peu avant le virage d'Indianapolis. Vraiment impressionnant !
Ensuite, du samedi dès 16 heures au dimanche, ce sont trois courses de chaque plateau qui sont organisées avec, pour chacune d'entre elles, 43 minutes en piste. Seuls certains plateaux ont le droit à leur départ type "Le Mans" : en l'occurrence le 4 et le 3 cette année. Pour nos protagonistes, c'est toute une cérémonie de départ complète qui est organisée avec la mise en place, une fanfare, des grid girls et même des parades en bus anciens autour du circuit !
À 16 heures piles, le départ est donné : chaque pilote court vers sa voiture en vue de partir le plus rapidement possible, dans la plus pure tradition mancelle d'avant 1969. Petite anecdote de cette édition, le pilote d'une des Ford GT40 engagées a refusé de courir et s'est rendu à sa voiture en marchant, rendant ainsi un bel hommage à Jacky Ickx.
Pour chaque course, un arrêt aux stands d'une durée minimum définie doit être respecté : pas d'arrêts éclair comme en Formule 1, mais un changement de pilote, nettoyage des optiques et du pare-brise et l'on repart de plus belle !
Ensuite, la deuxième course se tient de nuit pour mettre à rude épreuve pilotes et machines. La pré-grille est alors tenue sur le circuit Bugatti, permettant aux spectateurs d'approcher les voitures. Le départ est de type lancé, puis c'est reparti pour trois quarts d'heure avec, pour ce plateau, une belle averse poussant quelques équipages à la faute...
La dernière course se tient ensuite au lever du jour, là aussi sous une copieuse averse. L'ambiance est exceptionnelle avec énormément d'eau soulevée par le passage de ces monstres de puissance, le tout à la lueur des phares souvent jaunes, comme à l'époque... Magique !
Plateau 5 - de 1966 à 1971 : Ford domine, Porsche arrive...
Alors que Ford va dominer l'édition de 1966 des 24 heures du Mans, un autre constructeur entend bien inverser la tendance : Porsche, qui débarque en Sarthe avec ses monstrueuses 917. Le plateau 5 rend hommage à cette période de l'âge d'or de l'endurance et l'on en redemande : moteurs à la cylindrée démesurée, aérodynamisme retravaillé, vitesses vertigineuses : de quoi me tenir éveillé en cette séance d'essais libres tardive.
Dans ce plateau, on apprécie également l'écart de performances croissant entre les prototypes et les GT plus conventionnelles, pour lesquelles certaines portent encore une plaque d'immatriculation et sont très étroitement dérivées de leurs versions routières. La différence de vitesse dans les virages Porsche est saisissante !
La dernière course du dimanche s'est elle déroulée sur circuit mouillé. Je peux vous assurer que c'est quelque chose de voir et d'entendre arriver une 512M presque à fond avant le virage d'Arnage...
Plateau 6 - de 1972 à 1981 : innovation et révolution !
Alors que les cylindrées deviennent bien trop importantes et que les voitures sont toujours plus rapides, les instances internationales modifient le règlement en 1972 mettant fin au règne des prototypes à moteur central. Le retour aux barquettes type Matra MS650 ou Chevron, permet aussi à une nouvelle catégorie de s'imposer au général : celles des GT. Le plateau 6 est le témoin de ces changements tels que les moteurs 3l gavés aux turbos, les V12 à petite cylindrée ou les V8 des américaines !
La session d'essais nocturnes me permet de profiter du ballet des disques rougis par la chaleur, des retours de flamme interminables et des collecteurs luisants... Le plateau favori de nombreux d'entre nous, moi y compris.
En course, les barquettes Toj et Chevron tentent de battre les ultra-dominantes Porsche 935, avec beaucoup d'action à tous les niveaux. Les M1 Procar nous font profiter de leurs vocalises si envoûtantes et la Corvette IMSA nous détruit le peu de tympans qu'il nous reste (123 dB mesurés, au-dessus du seuil de douleur !)
Le dimanche, la pluie rebat les cartes pour favoriser les barquettes Lola et les BMW M1 Procar, ce qui montre qu'une victoire au Mans dépend entièrement de la météo.
Ce premier reportage sur cette édition 2025 de Le Mans Classic touche à sa fin. Une nouvelle fois, l'événement a rempli ses promesses en proposant un spectacle varié et très qualitatif, surtout dans les plateaux principaux. Voitures de légende, pilotes de renom et scènes d'actions innombrables ont offert un week-end de passion aux nombreux amateurs d'automobiles présents. Toutefois, une sensation de "trop plein" s'est fait ressentir, à la fois du côté des pilotes que des équipes techniques et des photographes présents. Il y a tellement de plateaux que les courses sont raccourcies à 43 minutes, évitant toute possibilité pour nous de faire le départ, les stands et un spot en piste. Certes, la présence de grilles aussi variées est un point fort de l'événement, mais le planning du weekend déborde et la moindre interruption de course finissait en session écourtée. Je ne pourrai jamais couvrir 100% de l'événement comme je le souhaiterai, mais des courses plus longues permettraient plus de flexibilité, tandis que les temps de repos seraient eux aussi, rallongés.
Le jeudi, lors de la conférence de presse de Peter Auto, un remaniement complet de l'événement a été annoncé : désormais, c'est tous les ans que nous nous rendrons en Sarthe pour profiter, en alternance, de deux ambiances : Heritage, pour les voitures de 1923 à 1975, puis Legend, qui mettra en scène celles de 1976 à 2015.
Une nouvelle ère pour cet événement que l'on apprécie tant, surtout que les organisateurs promettent un habillage des paddocks correspondant à la période, pour une immersion encore plus belle. Espérons aussi des courses plus longues pour faire perdurer la magie de l'endurance mancelle, alors rendez-vous en 2026 pour découvrir une première édition de Le Mans Classic Legend !
Le jeudi, lors de la conférence de presse de Peter Auto, un remaniement complet de l'événement a été annoncé : désormais, c'est tous les ans que nous nous rendrons en Sarthe pour profiter, en alternance, de deux ambiances : Heritage, pour les voitures de 1923 à 1975, puis Legend, qui mettra en scène celles de 1976 à 2015.
Une nouvelle ère pour cet événement que l'on apprécie tant, surtout que les organisateurs promettent un habillage des paddocks correspondant à la période, pour une immersion encore plus belle. Espérons aussi des courses plus longues pour faire perdurer la magie de l'endurance mancelle, alors rendez-vous en 2026 pour découvrir une première édition de Le Mans Classic Legend !








































































































































