Avignon Motor Festival 2018
Textes et photos par Théo Castel.
Il est de ces événements qui sont pour moi un véritable rituel. Assurément, l’Avignon Motor Festival en fait partie : je m’y rendais cette année pour la huitième fois consécutive ! Une fidélité induite par la qualité de l’événement qui, chaque année, nous régale par le niveau des automobiles exposées. Sans plus attendre, entrons au Parc des Expositions pour un retour sur cette édition 2018.
Gants de conduite fièrement enfilés, nous arrivons aux alentours de neuf heures trente à bord de notre chère Mercedes 230E, toujours aussi rutilante et imperturbable. L’air est encore frais et la météo n’est pas au beau fixe : la grisaille sera de mise, une fois encore…
Gants de conduite fièrement enfilés, nous arrivons aux alentours de neuf heures trente à bord de notre chère Mercedes 230E, toujours aussi rutilante et imperturbable. L’air est encore frais et la météo n’est pas au beau fixe : la grisaille sera de mise, une fois encore…
Quelque peu dépassée par le nombre de prétendants au parking collection, l’organisation peine à faire se garer rapidement tous les véhicules, rendant l’attente assez longue. Voilà le seul point sur lequel l’AMF devrait se pencher, quitte à filtrer davantage l’accès pour les véhicules exposants. Au moins puis-je arpenter tranquillement la file et photographier quelques arrivants.
En guise de mise en bouche, direction la maison d’enchères Leclere Motorcars qui expose ses lots avant la vente du lendemain. Cette année, le plateau est éclectique et de grande qualité ! De nombreux modèles attirent mon attention, à commencer par cette Porsche 993 Turbo « Cartier », un nom qu’elle doit à sa sellerie rouge bordeaux.
Deux légendes du terrifiant Groupe B, catégorie reine des rallyes dans les années 1980 marquée par une délirante course à la puissance, sont parmi les lots. La Ford RS200 est authentique et entièrement restaurée tandis que l’Audi Sport Quattro S1 est une réplique.
Malgré un environnement offrant peu d’espace pour les photos, je m’attarde sur ces quelques modèles : Maserati 3500GT Touring, Lancia Fulvia Sport 1600 par Zagato, Citroën ID 19 Cabriolet Ivanoff, Alfa Romeo Giuletta Spider 1300 Veloce ou encore Citroën Visa 1000 Pistes. Il y en a pour tous les goûts !
Le lot numéro 21 est une très chic Mercedes 250 SE Coupé de 1965. Ses lignes à la fois travaillées et pures lui confèrent une élégance que son état irréprochable vient souligner.
Je termine le pavillon Leclere avec cette BMW d’une remarquable rareté. Il s’agit d’une M3 E46 dans sa très recherchée version Coupe Sport Lecht. Lancée en 2003, sa production se limite à 800 exemplaires et celle-ci n’affiche que 40000 kilomètres au compteur ! Par rapport à une M3 classique, la CSL bénéficie de modifications esthétiques : bouclier avant à prise d’air unique ronde, jantes de 19 pouces inédites, aileron moulé « queue de canard ». Un intérieur tendu d’alcantara vient parachever le tableau. Sa puissance portée à 360 chevaux alliée à un poids réduit de près de 150 kilos lui permettent de s’adjuger le record de la Nordschleife au Nürburgring pour une voiture de série à l’époque.
A l’extérieur, la mode est aux youngtimers : une Renault Safrane V6 Biturbo côtoie une Lancia Delta Integrale « Edizione Finale ». Un peu plus loin, je tombe sur cette singulière Volkswagen Golf Rallye, version d’homologation recevant le fameux compresseur G60. Le sport dans les années 1990, c’était quelque chose…
Ici, nous avons plutôt affaire à un TGV qu’à une véritable automobile. Voici l’Alpina B12, version encanaillée de la BMW Série 7 E32. Après une préparation par les ingénieurs de Buchloe, son V12 passe à 350 chevaux pour un couple de 470 Newton-mètres. De quoi avaler les kilomètres d’autobahn à très vive allure !
Je tombe amoureux de la couleur « vert scarabé » de cette petite Renault Clio RS, bien plus modeste mais tout aussi désirable. Il s’agit d’une version « Limited », série spéciale éditée à 200 exemplaires. Si la mécanique reste inchangée par rapport à une RS normale, elle reçoit ladite peinture, des jantes spécifiques ainsi qu’un intérieur en cuir gris en lieu et place du couple cuir – alcantara.
La vente Leclere terminée, je poursuis ma promenade dans l’un des trois grands parkings collection où les visiteurs exposent librement leurs véhicules. Cette superbe BMW M3 E36 me fait de l’œil, tant par son état irréprochable que par sa configuration strictement d’origine. Son mythique six en ligne développant 321 chevaux, ses qualités routières et son esthétique soignée en ont fait l’une des armes les plus redoutables des années 1990. Un modèle aujourd’hui fort recherché, en témoigne sa cote qui ne cesse d’augmenter…
En continuant dans la série des autos en parfait état et non modifiées, voici une petite Renault Supercinq GT Turbo. Look ravageur – les plaque noires à l’ancienne sont du plus bel effet - poids plume et bouillant petit moteur suralimenté : une invitation au pilotage !
Non loin de là, je tombe sur cette Nissan Skyline GT-R 34, japonaise agressive et ô combien légendaire, popularisée notamment par la saga des Fast and Furious. Mine de rien, c’est une rareté et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle en jette !
Devant cette impeccable Renault 25 Baccarat, je suis épris de nostalgie : qui a dit que les français ne savaient pas faire de grandes berlines haut de gamme ? La belle est équipée de jantes nid d’abeille ainsi que d’un intérieur entièrement fait de cuir et de bois, mais surtout, elle arbore une magnifique peinture vert métallisé qui fait sa singularité.
A propos de grandes routières, nous passons ici à un niveau supérieur. Bien plus à l’aise devant le Ritz que sur les gravillons de la cité des Papes, cette majestueuse Rolls-Royce Silver Seraph glisse silencieusement devant moi. Le détail qui tue : la plaque 75 ancien format, rappelant par là le terrain de prédilection de cette grande dame. Un modèle méconnu au charme discret qu’il convient de redécouvrir !
Il est temps d’aller jeter un œil du côté du hall K, dédié aux voitures modernes de sport et de prestige. Deux autos dans deux superbes couleurs ouvrent le bal : une Porsche 991 GT3RS Miami Blue et une Ferrari 458 Italia Rosso Fuoco. Sur le stand du constructeur allemand, la nouvelle GT3 fraîchement restylée est présente. La dernière née de chez Renault, l’Alpine, est aussi de la partie.
Chez Mercedes, je ne m’attendais pas à retrouver une AMG GT-R ! Voilà une belle surprise, d’autant plus que ce blanc lui sied à merveille et s’accorde parfaitement à la méchanceté de son dessin. J’adore !
La dernière née de chez McLaren, la belle 720S, est présente à Avignon. Ses portes en élytre et ce joli gris lui donnent une véritable présence de supercar, ce que confirme une esthétique radicale imposée par l’optimisation aérodynamique.
Terminons ce tour d’horizon par la nouvelle Audi RS5, parée du célèbre Nardo grey, et une jolie Aston-Martin V8 Vantage S.
Il est à présent grand temps d’entrer dans le vif du sujet. Si l’an passé l’AMF célébrait les soixante-dix ans de Ferrari, le hasard du calendrier a voulu que 2018 soit l’anniversaire des soixante-dix ans de son concurrent direct, Porsche. Hier aux couleurs de Maranello, aujourd’hui regardant vers Zuffenhausen, le luxueux hall A s’est vu investi d’une exposition de belles allemandes. Je démarre ce voyage en terres germaniques par le stand de mon ami Gabriel, rencontré ici même à Avignon, qui présente une 911 pour le moins…spécifique. En effet, il ne s’agit ni plus ni moins que de l’ancienne propriété de Ferdinand « Ferry » Porsche, fils de l’illustre fondateur et géniteur de la mythique 911 !
Ce modèle, utilisé à l’origine comme véhicule de presse, est une 911 2.0L S de 1966 développant 170ch. Son intérieur « pied de poule » (uniquement sur les sièges avant) et ses fonds de compteurs verts sont typiques des premières 911 et apportent un charme indéniable à l’auto. Mais surtout, la belle se distingue par sa couleur rouge « Polo », code 1313 pour les plus pointilleux d’entre vous. Rachetée par un collectionneur français dans l’incertitude quant à son pedigree, elle est aujourd’hui inestimable et fait de nombreux envieux, à commencer par le musée Porsche lui-même ! Voilà une attraction qui a su faire vibrer le cœur des passionnés (une petite pensée pour mon rédacteur en chef)…
Revenons-en à nos amies d’outre-Rhin. Exposée seule, cette 911 GT1 trône, tout droit échappée du circuit des 24 heures du Mans. Cette course, objet de son développement, elle la remporte en 1998 en signant un doublé, bien armée avec son six cylindres de 600 chevaux. Une monstrueuse bête de course dont la livrée psychédélique sur fond blanc rappelle les motifs des Porsche de compétition des années 1970.
De Porsche de compétition, justement, il est question un peu plus loin. Alors que la France vient de connaître l’une des plus terribles crises sociales de son histoire qui repousse la date de la course, la 908 LH bataille contre les Ford GT40 aux 24 heures du Mans 1968. Son huit cylindres à plat de 350 chevaux lui permet de dépasser les 300km/h dans la ligne droite des Hunaudières, portion pour laquelle elle a été développée puisqu’elle apparaît ici en version Lang Heck (« longue queue ») à l’aérodynamique étudiée spécifiquement. Dans sa couleur crème et affublée de bandes « Porsche », elle est ma favorite de l’espace compétition. On la voit ici accompagnée d’une 956, première Porsche à concourir dans le Groupe C nouvellement créé à l’aube des années 1980.
Retournons quelques années en arrière avec la petite 906, ici dans un bleu très seyant. Conçue par Ferdinand Piëch en 1966, elle remporte de nombreuses courses telles que la Targa Florio, les 24 heures du Mans ou encore des courses de côte.
Puisque je ne respecte décidément pas la chronologie, nous poursuivons avec la Porsche 904. Produite à 106 exemplaires entre 1964 et 1965, elle remporte elle aussi d’importants succès en compétition. Mais attardons nous quelque peu sur cet exemplaire en particulier. « 063 », comme il est coutume de la surnommer en référence à son numéro de châssis, totalise seulement 3600 kilomètres d’origine, n’a bénéficié d’aucune restauration et est entièrement matching numbers, ce qui signifie que tous les organes mécaniques sont ceux d’origine et correspondent aux archives d’usine. Tout ceci a mené Porsche à la qualifier de « 904 la plus authentique du monde », un titre qu’elle mérite amplement. Et pour l’anecdote, elle appartient au même propriétaire que la 911 présentée précédemment, autrement dit, ce dernier possède de véritables trésors !
Assurément, ceci est la Porsche la plus mignonne du plateau ! Née en 1958, la 718 RSK se distingue par un design tout en rondeurs mais plus lisse et plus acéré que la 550 Spyder dont elle se veut l’évolution. Avec 142 chevaux pour moins de 600 kilos, elle atteint les 240km/h. Sensations fortes garanties !
Enfin, aux côtés de ses cadettes, une 550 Spyder est exposée, rehaussée de deux ravissantes bandes rouges. Tristement célèbre pour avoir été impliqué dans la mort de James Dean, ce petit roadster développe 110 chevaux et a, là encore, connu le succès en compétition dans les années 1950.
La 550 Spyder m’offre une belle transition pour passer au stand suivant. En effet, on y retrouve cette 356 Carrera GT Speedster qui se voit équipée du moteur de la 550. Très rare, le modèle GT dispose d’ouvrants en aluminium et de roues en magnésium. Résultat, 840 kilos sur la balance, soit un excellent rapport poids-puissance !
Après les anciennes légères et radicales, place à la technologie et à la modernité. Les trois supercars emblématiques de la marque répondent présentes et s’affichent ici dans un gris plus soutenu que l’habituel argent, un bon point car ça n’est pas commun ! On retrouve donc la 959, véritable laboratoire roulant conçu en 1985 pour homologuer la version Groupe B. Les quelques 250 exemplaires routiers renferment une technologie impressionnante pour l’époque. Pêle-mêle, la 959 est dotée d’une transmission intégrale à répartition électronique du couple, d’une suspension pilotée ou encore de capteurs de pression des pneus, le tout allié à un moteur bi-turbo produisant 450 chevaux.
Pour clôturer ce bel hommage consacré à Porsche, je contemple la sculpturale Carrera GT, une supercar équipée d’un V10 capable d’envolées lyriques qui donnent des frissons…Bien qu’âgée d’une quinzaine d’années, sa beauté n’a pas pris une ride. Elle est accompagnée par sa descendante hybride, l’efficace mais moins passionante 918 Spyder.
Ma visite du hall A s’achève sur une note raffinée. Nous avons ici une rarissime berline Facel-Vega Excellence, symbole d’un luxe à la française malheureusement révolu dans l’industrie automobile… En s’inspirant des canons esthétiques alors en vogue dans l’Amérique du début des années 60, l’Excellence – ce nom ! – regorge de merveilleux détails, tels ces pots d’échappement délicieusement intégrés au pare-chocs. A l’intérieur, baigné de lumière par l’audacieux parebrise panoramique, le tableau de bord est entièrement peint à la main pour imiter le bois. Magistral…
Pour terminer la journée d’une manière sportive, je déniche quelques jolis modèles sur les parkings collection. Cette élégante Aston-Martin DBS contraste sensiblement avec une très exotique TVR Sagaris. Mon coup de cœur ? Une sublime BMW M5 E39, d’autant plus belle qu’elle est peinte dans un vert sapin métallisé.
Voilà, l’édition 2018 de l’Avignon Motor Festival se clôt ici. Une fois encore, ce fut un plaisir d’en arpenter les allées, toujours bien remplies et faisant la part belle à l’éclectisme. Si l’exposition Ferrari de 2017 avait placé la barre très haut, l’organisation a su convier de nombreux modèles d’une grande qualité pour fêter les 70 ans de Porsche comme il se doit. Pour la première fois depuis 2011, je ne pourrai assister à l’AMF en 2019. Je souhaite donc bonne route à l’équipe organisatrice de Trajectoires Concept, on se retrouve en 2020 !
Je tiens à remercier l’organisation du festival pour son accueil ainsi que Thomas pour le prêt de son objectif. Enfin, mes plus chaleureux remerciements vont à Gabriel, qui a su m’évoquer avec précision et passion l’histoire des Porsche 911 S et 904 présentes. L’image de Ferry Porsche provient du site sportwagen.fr.