Junkers 6046-5 Series Bauhaus x Mercedes-Benz 230 E
Textes et photos par Théo Castel.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas écrit pour cette rubrique et l'envie d'y rédiger un article avec des objets familiers me tenait à cœur. La montre et l'auto que je vous présente aujourd'hui font en effet partie du patrimoine familial que je côtoie au quotidien. Bien que les deux ne relèvent ni du grand luxe ni du domaine sportif, elles sont loin d'être dénuées de charme. Voici donc une Mercedes-Benz 230 E de 1983 mise en parallèle avec une contemporaine Junkers Bauhaus. Un match on ne peut plus germanique !
Lorsque mon père décide en 2011 de franchir le cap "voiture de collection", petit budget, fiabilité et charme sont les paramètres de l'équation qu'il doit résoudre. Les goûts de la famille – aussi bien automobiles que touristiques – étant tournés vers l'Allemagne, mon paternel craque pour cette rutilante Mercedes 230 E. Elle affichait à l'époque de son achat moins de 70000km et s'avère, huit ans plus tard, être dans le même état quasi parfait. La fiabilité métronomique voire légendaire de ce modèle assurait à mon père une idylle sans surprises, ce qui s'est confirmé avec le temps.
Vous l'aurez deviné, la montre présentée aujourd'hui est dans la même veine : allemande, robuste, simple, économique mais néanmoins tout à fait attrayante. Autant le dire tout de suite : Junkers n'est pas un horloger centenaire mais plutôt un coup de com' réussi. Fondée en 1985, la marque fait valoir l'héritage du fabricant d'aéronautique allemande Hugo Junkers à travers des montres assemblées à la main outre-Rhin. La gamme est donc essentiellement composée de modèles orientés aviation. Zeppelin, Cockpit ou encore Eurofighter sont quelques-uns des modèles au nom sans équivoque. Mais la 6046-5 présentée ici fait partie d'une série appelée Bauhaus. Le Bauhaus est un mouvement artistique lancé par Walter Gropius en 1919 sous la toute jeune République de Weimar. A la fois mouvement architectural, incubateur à idées novatrices et école attirant de nombreux artistes, le Bauhaus est à part et représente le dynamisme artistique de l'Allemagne de l'entre-deux guerres. Préfabriqué, béton, verre, les matériaux utilisés sont très modernes, tout comme l'idée clé : les créations doivent être utiles à la société, ce qui les rapproche de l'artisanat. Si le nazisme eut raison du Bauhaus, qualifié d'art "dégénéré", son influence y survécut et fut profonde.
Avec cette gamme, Junkers conçoit donc des montres sobres mais léchées, répondant à un impératif tout simple : donner l'heure avec une grande fiabilité. Il en résulte cette 6046-5, modèle le plus équilibré selon moi.
Avec cette gamme, Junkers conçoit donc des montres sobres mais léchées, répondant à un impératif tout simple : donner l'heure avec une grande fiabilité. Il en résulte cette 6046-5, modèle le plus équilibré selon moi.
D'aspect global, la Junkers et la Mercedes sont dans une démarche similaire : elles sont belles sans s'encombrer de fioritures inutiles. Elles se permettent même quelques raffinements. Sur la 230 E, les jantes peintes couleur carrosserie et réhaussées de chrome arborent un dessin travaillé et ne manquent pas de finesse. C'est aussi une qualité que vient apporter l'élégant verre bombé en hésalite de la Junkers. D'une manière générale, les deux sont d'ailleurs loin d'être pataudes et, au contraire, jouent dans un registre plutôt gracieux.
À la rigueur des automobiles de Stuttgart répond l'impératif de l'école du Bauhaus : la fonctionnalité. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'en matière de lisibilité, Mercedes et Junkers ont parfaitement répondu à ce critère !
Nos deux allemandes se caractérisent également par leur robustesse. Chez Mercedes, ce sont aussi bien les entrailles (le 2.3L à injection est absolument increvable) que la carrosserie (généreux pare-chocs, nombreuses et épaisses baguettes, tôle solide) qui inspirent confiance. Du côté de Junkers, on est robuste plutôt mécaniquement parlant. Certes, le bracelet en cuir naturel ne semble pas particulièrement fragile mais l'hésalite du verre est, quant à elle, vulnérable. En revanche, derrière le couvercle en aluminium qui affiche fièrement sa deutsche qualität, la Bauhaus embarque un mouvement à quartz Ronda Powertech 515. A l'instar du 4 cylindres, il n'est pas noble pour un sou mais il est suisse et simple, donc fiable. En fin de compte, c'est tout ce qu'on lui demande.
Huit ans de conduite pour l'une, deux ans d'utilisation pour l'autre et aucun problème mécanique à déplorer. Ma Junkers Bauhaus et la Mercedes 230 E paternelle étaient faites pour se retrouver côte à côte dans cette rubrique. Belles, vintage, économiques et surtout sans histoires, voilà deux allemandes qui prouvent une fois de plus le savoir-faire germanique. C'est ainsi que se conclut ce Watches x Cars plus sobre que d'habitude mais qui, je l'espère, vous aura plu !
Je tiens à remercier Julien Plas pour avoir joué le mannequin le temps de quelques clichés.