Essai : Audi e-tron GT quattro
Textes et photos par Valentin Bourgeois.
Chez Arts & Mécaniques, nous sommes de grands passionnés d’automobiles anciennes et récentes, en particulier lorsqu’il s’agit de moteurs à explosion et de sans plomb. En 2019, nous avions pour la première fois fait l’essai d’une voiture électrique, un SUV de plus de deux tonnes dénommé Audi e-tron. Nous cherchions alors à savoir si ce SUV correspondait à l’esprit Audi, exercice qu'il avait réussi haut la main. Depuis, la marque aux anneaux a fortement avancé dans son plan d’électro-mobilité avec un second modèle au tempérament un peu plus dynamique baptisé « GT », pour Grand Tourisme. Nous avons mis à l’épreuve cette nouvelle itération de l’e-tron Audi dans une batterie de tests, entre roulage quotidien et journée circuit !
L’extérieur : Sport et modernité font bon ménage…
Tout commence en 2018 au Los Angeles Auto Show où la R8, alors vaisseau mère de la marque, est présentée sous sa version restylée. Un concept vient alors lui voler la vedette sous forme d’une berline 4 places entièrement électrique, l’e-tron GT Concept. Annoncée pour 2020 avec une technologie partagée avec la future Porsche Taycan, la GT fait grand bruit par son design qui pousse les grandes lignes Audi à l’excès : une gigantesque calandre Singleframe inversée, des blisters quattro très prononcés à l’arrière et une ligne coupé digne de sa cousine allemande. On doutait alors de la conservation de ces éléments sur la future version de série, bien qu’Audi assurait qu’elle serait similaire à plus de 90%.
Deux ans plus tard, en novembre 2020, la GT définitive est dévoilée au grand public et, comme annoncé, elle reprend la quasi-intégralité des éléments montrés sur le concept. Annoncée comme une nouvelle ère pour la marque, c’est avec fort intérêt que je regarde la révélation, ressentant effectivement qu’il ne s’agit pas d’une Audi comme les autres. Niveau look, elle ne ressemble à aucun autre modèle de la gamme. Plus large qu’une A7, moins longue qu’une A8 mais un peu plus haute que la R8, la GT porte bien son nom et promet une efficience aérodynamique sans compromis.
Bien sûr, on retrouve les quatre anneaux en haut de la calandre inversée et la signature lumineuse si spécifique à Audi avec une très large barre de leds à l’arrière du véhicule. Mais on trouve quelques nouveautés que nous ne sommes pas forcément habitués à voir sur une Audi non badgée S ou RS, sous la forme de grosses ouïes latérales fonctionnelles, d’entrées d’air de part et d’autre du logo, d’un gigantesque diffuseur à l’arrière et de nouvelles jantes dites « aéro » à moitié pleines. Des appendices qui lui donnent un côté très agressif, pour un résultat on ne peut plus agréable à l’œil.
L’intérieur : "Monoposto"
Avec cette nouvelle GT, Audi cherche à convertir ses clients habituellement friands de grosses berlines V6 diesel à l’électrique. Il faut donc conserver l’ergonomie et la qualité de ces modèles tout en appliquant un degré de fantaisie futuriste et bienvenu. Avec une cousine Taycan qui fait la part belle aux écrans, Audi a préféré conserver quelques boutons dans la GT pour ne pas trop dénoter avec le reste de la gamme. On retrouve bien sûr un tableau de bord dit "monoposto", où tous les instruments et l’info-divertissement sont tournés vers le conducteur. Le Virtual Cockpit, adopté sur la TT et depuis étendu à toute la gamme, sied parfaitement derrière le beau volant en cuir perforé à méplat, pour un aspect « cockpit » du plus bel effet.
Au niveau de l’habitacle, on ne s’attend pas forcément à trouver beaucoup de place à cause de la ligne de toit très prononcée. Seulement, l’habitabilité a tellement été travaillée (nous sommes dans une GT, prévue pour les longs trajets) que quatre adultes peuvent s’y installer dans un réel confort. Les sièges avant entièrement baquets sont magnifiques et très confortables, tandis que les sièges arrière latéraux peuvent être encore plus prononcés en option, pour une installation parfaite. Et puis que dire de la place aux jambes, qui grâce à la coque travaillée des sièges baquets permet d’y loger confortablement les plus grands !
Essai dynamique : impressionnant, c’est le mot.
Tout ce design et cette habilité c’est bien beau, mais qu’en est-il de la conduite ? Étant au quotidien dans l’univers Audi grâce à mon travail, j’ai eu l’occasion de prendre en main la GT à plusieurs reprises et dans différents exercices. Les premières choses que l’on remarque sont la douceur et la simplicité d’utilisation : pas besoin de gérer soi-même sa récupération d’énergie, les relances sont très douces et le confort de roulage digne de la référence A8. La nouvelle suspension pneumatique à trois chambres offre un amortissement sans précédent, qui peut aussi se révéler très efficace si l’on vient à s'encanailler.
La grande qualité de la GT est donc son confort, mais quid du dynamisme ? Avec 476 chevaux et plus de 500 en mode boost, on s’attend à quelque chose de sportif malgré les 2,3t de l’engin. Et bien figurez-vous que c’est le cas ! J’ai pu l’essayer sur deux circuit différents, entre le routier de Mortefontaine et le circuit rapide de la Ferté Gaucher, et à chaque fois le même constat : incroyable ! La transmission e-quattro offre une optimisation parfaite de la puissance du véhicule, nous invitant à accélérer toujours plus tôt en sortie de virage. Les batteries étant situées sous le plancher, on profite d'un centre de gravité très bas qui permet de passer des courbes à une vitesse où seule la R8 pourrait nous suivre. Quant aux accélérations, la boîte de vitesses à deux rapports sur l’essieu arrière du véhicule nous permet de passer sur un rapport dit "court" lors des kickdown ce qui vous catapulte à de vitesses bien au-delà des limitations françaises...
Terminons avec un élément majeur de ce véhicule : le son. Nous sommes sur un véhicule électrique, dénué de tout son d’échappement ou de moteur à combustion. Cependant, j'ai pris un malin plaisir à accélérer afin d’entendre travailler les moteurs électriques, qu’Audi a volontairement amplifiés. Outre le sifflement caractéristique d’une électrique, on entend réellement les moteurs asynchrones sur les deux essieux fonctionner lors des accélérations dans un petit son grave que je caractériserais presque comme un V8, les vibrations et la présence sonore en moins. Ma foi plutôt sympathique.
Bilan : et si le futur de l'automobile nous réservait quelques suprises ?
Dans mon essai de l’e-tron premier du nom, je titrais cette partie « l’électrique, pas si mauvais ? ». Avec un peu de recul et plus d’expérience, je peux désormais dire que l’électrique est en fait une excellente solution, et je dois avouer désirer une e-tron GT malgré son prix avoisinant les 135 000€ en moyenne. Aujourd’hui, en matière de confort, d’efficacité et de sportivité, aucun autre modèle dans ces prix là ne lui n’arrive à la cheville sans avoir à payer l’équivalent d’une petite citadine en malus écologique. La GT constitue donc bien une nouvelle ère pour la marque aux anneaux, à l’image de ce que peuvent être les autres modèles électriques pour chaque marque : une nouvelle approche de l’automobile plus libérée, avec une tendance au design futuriste sans compromettre l’efficacité. Vous me direz alors qu’il reste la question de l’autonomie, point sur lequel je vous réponds simplement : ne passez-vous pas à la pompe à essence plus souvent lorsque vous roulez vite avec une sportive ? Sur mes trois jours d’essais du véhicule, je n’ai eu qu’à recharger une seule fois après deux jours intensifs sur circuit. L’autonomie mesurée est de quasiment 350 kms en roulant (très) fort, et j’ai pu faire plus de 400 kilomètres sur une charge sans aucun problème. Il suffit juste d’adapter sa conduite et la GT se révélera comme une superbe routière prête à engloutir les kilomètres dans un silence inégalé. Et si toutefois il faut recharger, vous pouvez compter sur le réseau Ionity qui enverra 270 kW de puissance de charge dans la voiture, pour récupérer 80% d’autonomie avant même que l’on ait fini la pause café/toilettes.
Alors si vous voulez rouler différent dans une automobile faisant littéralement tourner toutes les têtes, la GT, plus discrète que son homologue Taycan, sera votre alliée idéale. Et si toutefois 476 chevaux ne sont pas assez pour vous, la RS e-tron GT vous catapultera de 0 à 100 en moins de 3 secondes, sauf si vous relâchez l’accélérateur de peur...
Mes remerciements vont à Matthieu Bourgeois pour son aide lors des séances photos nocturnes, et à la concession Audi Mareuil-lès-Meaux pour le prêt du véhicule.