Rétromobile 2024
Textes et photos par Valentin Bourgeois.
Depuis de nombreuses années, Rétromobile est l'événement à ne pas rater en début d'année. À l'origine un simple salon de l'automobile ancienne, il est devenu au fil des années LE rendez-vous de tous les passionnés, jusqu'à même intéresser de plus en plus les constructeurs. La recette est simple : rassemblez la crème de la crème des marchands de véhicules d'exception et de collection dans trois halls de la Porte de Versailles. Saupoudrez le tout de trois ventes aux enchères, et laissez cela ouvert pendant 5 jours. Nous écrivions déjà l'année dernière à propos de notre inquiétude pour l'automobile en France, et plus particulièrement à cause de mouvements autophobes de plus en plus présents. Rétromobile est tout simplement une parenthèse enchantée dans ce monde moderne, où seule la passion se ressent. Alors, avec 130 000 visiteurs, nul doute que l'automobile de collection continue d'intéresser petits et grands et le salon l'a bien compris avec son adage "Le passé a toujours un futur". Retour en images et en anecdotes sur ce très bon cru 2024 !
Commençons ce reportage, une fois n'est pas coutume, avec les plus importants stands du salon. Le célèbre marchand anglais Simon Kidston avait une nouvelle fois une place de choix, avec un stand des plus qualitatifs : la Ferrari 250 GTO s/n 3729GT, seconde du Tourist Trophy de Goodwood en 1962 entre les mains de Graham Hill et sa sublime robe blanche trônait au milieu d'autres pépites, parmi lesquelles l'une des 6 Schuppan 962CR, une rare Aston Martin DB3S, une Ferrari Daytona Spider du film "Le privé" ou encore une Lancia Aurelia B24 Spider. "Keeping history alive" comme le dirait si bien Simon avec un stand d'une extrême qualité. Le salon commence bien !
Continuons la visite avec Fiskens, grand habitué du salon avec son stand habillé de tartan écossais. L'écosse était plus que jamais le thème du stand avec une exposition exceptionnelle de trois voitures de l'écurie éponyme : une Jaguar Type C, sa descendante Type D et le camion de transport associé, toutes dans un état plus que neuf. Parmi les autres autos remarquables du stand se trouvait une 911 GT1 transformée pour la route, la superbe Lola T70 MKIII B ex-David Piper, une Aston Martin Valkyrie habillée elle aussi de Tartan, ou encore une Siata 208 CS unique. Je vous laisse apprécier les photos avec quelques anecdotes supplémentaires !
Plus les années passent, plus le stand Girardo & Co s'agrandit. Et ce cher Max Girardo adore les Ferrari, alors c'est presque à Maranello que nous sommes transportés lorsque nous y pénétrons. Une 250 GTO 1963 recarrossée en 64 trône au centre du stand, tandis que des incroyables modèles se reposent de part et d'autre : coup de coeur absolu pour la Ferrari 340 America Barchetta fraîchement restaurée dans une sublime livrée bleue et blanche !
Passons au stand suivant qui présente tout un panel de voitures exceptionnelles, à commencer par notre best of show absolu : une Ford GT40 MK1 originale, non restauréedepuis 1970 et avec une patine tout simplement incroyable. Elle possède même encore ses morceaux de carrosserie et pièces originales de sa participation aux 24 heures du Mans 1966... La carrosserie laissée telle quelle depuis 54 ans, l'intérieur sûrement 100% d'origine, les écrous centraux portent même encore les traces de sa dernière course. C'est la première fois qu'elle est montrée en public en 54 ans, ce qui est tout bonnement dingue.
Le reste du stand Lukas Hüni est tout aussi fou : la Bugatti Type 57 SC Atlantic #57473 côtoie une Aston Martin DB3S ex-Stirling Moss lors des 24 heures du Mans 1956, tandis que l'Alfa Romeo 8C 2300 Spider Zagato vainqueur du Mans 1932 est presque passée inaperçue. Une Ferrari 375 MM Pinin Farina Spider, châssis 0362 AM, est également présente. Soeur de celle présentée chez Girardo & Co, elle n'a pas eu la même histoire, ayant été immédiatement envoyée aux États-Unis pour participer à de nombreuses courses dont les 12 heures de Sebring.
Habituellement, nous avons passé le plus gros du spectacle lorsque nous terminons les stands présentés plus tôt dans cet article. Mais cette année, le niveau des voitures était encore un cran au dessus et l'on comptait près de 10 stands hors du commun. Richard Mille ne déroge pas à la règle avec une exposition à en faire pâlir le meilleur des assureurs : 250 LM s/n 5901 (vendue l'été dernier 15 millions d'euros), 412P s/n 0854, 365P s/n 0828, 312PB s/n 0890 alignées côte à côte. C'est d'ailleurs le retour en Europe de la 412P après de nombreuses années entre les mains de James Glickenhaus, achetée plus de 30 millions de dollars par un collectionneur français très connu. Un plaisir de voir enfin ce mythique prototype !
Juste en face de Richard Mille se tenait Joe Macari, le plus connu des spécialistes Ferrari. Pour sa première présence à Rétromobile, le londonien frappait très fort avec une exposition de voitures de course toutes les plus folles. D'une Ferrari F310B de Michaël Schumacher à la Porsche 917 du comte Rossi, en passant par une McLaren F1 GTR ou une Mercedes-Benz CLK LM, je peux vous assurer que le stand a fait sensation !
Continuons dans les autos de course avec un petit florilège des autres stands, qui n'étaient pas pour autant en reste. Une seconde McLaren F1 GTR, quelques Formule 1 Ferrari ou des prototypes du Mans, il y en avait pour tous les goûts. Mention spéciale à l'exposition Sébastien Loeb organisée par la FFSA, mettant en lumière ses voitures de rallye mythiques : 106, Xsara, C4, Puma. Le paradis de tout passionné !
Rétromobile c'est également et de plus en plus, un lieu où l'on parle placements financiers, où l'on profite de l'engouement sur certains véhicules pour spéculer. Les supercars et hypercars modernes en sont les protagonistes et envahissent petit à petit le salon. Bien qu'il soit agréable de découvrir ou redécouvrir de tels véhicules, ce n'est pas forcément pour cela que l'on vient ici... Le niveau était particulièrement relevé cette année, entre Koenigsegg Agera Prototype, Pagani Zonda Cinque Roadster, Mercedes AMG One et autres Maserati MC12.
Terminons cette parenthèse moderne avec une nouvelle sélection de plus anciennes que l'on trouvait au détour d'une allée...
Rendons nous maintenant chez les constructeurs, qui étaient de retour en nombre cette année. Mercedes-Benz Classic présentait un authentique prototype de 300 SL, le châssis 011, connu pour avoir été un banc de développement des autres versions de la 300 SL.
Juste à côté, chez Porsche, la filiale française proposait un stand dédié à la dénomination Turbo à l'occasion de ses 50 bougies. Une sublime 930 livrée neuve par Sonauto se tenait à côté d'une 935, tandis que la nouvelle Panamera était présentée avec ses badges spécifiques "Turbonite". Un beau stand malgré une lumière compliquée à photographier.
Chez Volkswagen, on fête aussi un demi-siècle mais cette fois-ci, c'est pour l'iconique Golf. Un exemplaire de chaque génération avait été sorti des réserves Volkswagen Classic tandis que la Golf 8 restylée était présentée pour la première fois au public français.
Le prochain stand n'est pas vraiment celui d'un constructeur, mais plutôt du londonien JD Classics. Mais il se trouve ici pour une bonne raison : voici la "True Spirit of XJ13", présentée en première mondiale à Rétromobile. Près de 45 ans après le début du projet, cette recréation de l'unique Jaguar XJ13 vient capturer son essence afin de lui redonner ses lettres de noblesse. Si vous n'êtes pas familiers avec la XJ13, il s'agit d'un prototype développé par Jaguar dans les années 1960 afin de conquérir Le Mans face aux Ford GT40 ou Ferrari 330 P4. 6 exemplaires étaient prévus mais un seul sera produit, sans jamais voir la piste. Un gigantesque V12 devait prendre place à l'arrière des voitures : six furent produits, mais seuls deux sont encore connus : celui dans la version originale, conservée par Jaguar Classic et celui qui prend place dans cette très belle recréation. Espérons la voir rouler et l'entendre très bientôt !
Chez Renault, on fêtait les records avec toute une panoplie de véhicules mythiques : de la Nervasport des Records à la Dauphine de Bonneville, en passant par le tank Riffard et l'avion Caudron-Renault Rafale. N'oublions pas l'originale présentation de maquettes de la future Renault 5 électrique, prévisulant les teintes qui seront disponibles. Un beau stand !
Toujours dans le Groupe Renault, Dacia avait choisi Rétromobile pour présenter en première mondiale le nouveau Sandrider, buggy destiné à conquérir le Dakar dès 2025. Pour cela, la marque s'est entourée des meilleurs : Sébastien Loeb, Nasser Al-Attiyah entre autres, avec pour but de gagner au général. Un prototype très sympathique au premier abord, bien que certains éléments ne devraient se retrouver sur le véhicule de course.
Restons dans le thème Dakar avec l'exposition dédiée se tenant sur la passerelle entre les halls 1 et 2. On y retrouvait de nombreux modèles mythiques tels que la Porsche 959, la DS Astral ou encore le prototype Jules 6x6. La 405 T16 d'Ari Vatanen a aussi fait beaucoup d'heureux.
L'édition 2024 de Rétromobile fut une nouvelle fois au delà des espérances, avec une qualité toujours plus grande et de nombreuses surprises. Bien plus qu'un salon d'automobiles de collection, cela devient progressivement le salon de la passion automobile, dans une ville qui pourtant prône le contraire. Profitons encore de ces superbes véhicules tant qu'on le peut et rendez-vous du 5 au 9 février 2025 pour une 49ème édition du plus beau des salons d'automobiles classiques au monde !
Rétromobile 2024 - La vente Artcurial Motorcars
Chaque année, Rétromobile est également le théâtre des ventes aux enchères de différentes maisons. La plus connue d'entre elles est Artcurial Motorcars, principalement car la vente se passe directement dans l'enceinte du salon. Le lot phare de cette édition était la Ferrari 250 GT California LWB, qui ne trouvera malheureusement pas d'acquéreur. Avec une restauration plus que parfaite, on en regretterait presque une voiture moins belle...
Le reste de la vente était bien fourni, entre supercars modernes, Porsche iconiques et légendes de l'automobile.
Rétromobile 2024 - La vente RM Sotheby's
Tenue dans un lieu somptueux dans les salles du Carrousel du Louvre, la vente RM Sotheby's est désormais un passage obligatoire pendant la semaine de Rétromobile. Avec un plateau de véhicules toujours plus fourni, mettant en scène beaucoup de récentes et moins d'anciennes, elle n'en reste pas moins intéressante par la rareté des lots et leur superbe présentation. Mention spéciale à la sublime Ferrari 250 GT SWB Competizione sortant d'une restauration d'une valeur de près d'un million d'euros... Vendue plus de dix millions d'euros !