Compte rendu : Exposition "Ferrari Under the Skin" @ Design Museum, Londres
Textes et photos par Valentin Bourgeois.
L’année 2017 a vu se dérouler pléthore d’évènements en hommage à Ferrari, la marque au cheval cabré qui fêtait ses 70 ans. Le dernier d’entre eux, et l’un des plus intéressants si je puis dire, était l’exposition « Under the Skin » au Design Museum de Londres. Comme le nom du musée le suggère, nous étions invités à découvrir les dessous du design de la marque de Modène au fur et à mesure de son histoire. C’est donc lors d’un passage dans la capitale anglaise que j’ai visité cette exposition, et en voici un récapitulatif se voulant le plus exhaustif possible !
Organisée comme un parcours, l’exposition commençait dans une petite salle avec la première Ferrari produite : la 125S. Alors âgé de 49 ans, et fort de son expérience en tant qu'écurie avec la Scuderia Ferrari, Enzo crée cette barchetta dans le seul but de la faire courir dans les différents Grand Prix de l’époque. Avec son V12 Colombo, la 125S parvint à s’imposer sur 6 des 14 Grand Prix de l’année 1947 mais pas aux Mille Miglia. Bref, cette auto compte beaucoup pour la marque et il n’est pas étonnant de la voir ici, même si ce n’est qu’une réplique…
Continuons la visite avec une salle à l’ambiance soigneusement étudiée. Dédiée aux accessoires automobilia et aux affiches d’époque, elle montre les débuts de la marque avec certains brevets, les chronographes qu’Enzo avait pris pour habitude d’offrir à ses clients ou encore des photos d’époque. On nous assure que tout ce qui est présenté ici sort directement des archives de Modène, ce qui ne m’étonne guère !
Le but premier de cette exposition est, je le rappelle, de découvrir tout ce qui tourne autour du design d’une automobile Ferrari et toutes les étapes préliminaires à la finalisation d’un dessin. Il n’est donc pas surprenant de trouver dans la salle principale plusieurs modèles en argile et même des gabarits d’époque, ce qui constitue la partie la plus intéressante de l’expo !
Ici, on nous apprend qu’une Ferrari est dessinée telle une œuvre structurale. On commence alors avec la tubulure du châssis, sur lequel on met une carrosserie parfois sur mesure. Voici un modèle en bois utilisé pour courber les panneaux de carrosserie du concept Dino 206P, créé par Pininfarina en 1965.
Vous l’avez sûrement remarqué et reconnu, le modèle suivant que l’on nous propose de découvrir est une carrosserie tout en aluminium de 250 LM. Voici comment Pininfarina et Ferrari faisaient pour déterminer si le design d’un nouveau modèle était bon : un montage à blanc d’une carrosserie dépourvue de peinture. Ils pouvaient ainsi voir les moindres imperfections et valider ou non la mise en production du modèle. Le gabarit que vous pouvez apercevoir juste en dessous est celui d’une 250 GTO, utilisé par Scaglietti en 1962. Il permettait de se faire une idée très rapidement du design d’une voiture sans perdre de temps à la créer intégralement.
L’exposition en elle-même est très bien agencée et propose une progression chronologique. Les modèles suivants sont déjà plus modernes, il s’agit de différents modèles réduits utilisés lors d’essais en soufflerie. Voici l’un des plus reconnaissables, celui de la 612 Scaglietti. Le tableau quant à lui est une illustration du processus d’écoulement de l’air sur la LaFerrari, nom de code F70.
Finissons cette partie purement dédiée aux prémices du design avec un modèle intégralement réalisé en argile, celui de la J50. La clay en anglais est l’élément essentiel du design moderne grâce à sa facilité de modelage. On la sculpte afin de voir la voiture en taille réelle, puis on peut même la peindre et y insérer des éléments réels tels que les feux, les jantes… Quant à la voiture, elle fut créée afin de célébrer les 50 ans de la marque au Japon, et on n'en recense que 10 exemplaires au pays du soleil levant. C’est donc un plaisir de voir la voiture en taille réelle, même si ce n’est qu’un modèle !
Deux autres coques brutes se cachent dans la salle parmi quelques éléments mécaniques. Le châssis tubulaire est celui d’une 250 GT et il présente les dessous de l’ingénierie d’époque : pratique et sans fioritures.
Derrière ce V8 Bi-Turbo se cache une carrosserie de 488 GTB, dernier coupé de la marque.
Ce que j’ai particulièrement apprécié dans cette exposition est la présentation de tous les aspects relatifs à la conception d’une voiture. Du design à la mécanique en passant par l’intérieur, tout était joliment disposé, du bloc moteur originel en passant par les pistons, les bielles, le vilebrequin pour terminer avec le produit fini. Je suis resté quasiment 15 minutes à tout détailler…
Mais il faut bien avancer car le temps passe, et l’avantage d’être entré parmi les premiers se dissipe peu à peu. Voici la salle suivante, appelée « I clienti » (comprenez « Les clients ») où l’on peut apprécier l’évolution progressive des voitures Ferrari au fil des années.
D’un côté, on y trouve la 166MM ex-Gianni Agnelli (S/N 0064), alors président de Fiat à laquelle il fait allusion dans sa fameuse formule « De toutes les voitures que j’ai conduites, je ne pourrais jamais oublier ma première Ferrari ». La 166MM tire son patronyme de la course des Mille Miglia et fut la première Ferrari à remporter les 24 heures du Mans. En dessous d’elle se trouve une belle 250 GT Cabriolet Pininfarina, première Ferrari a être équipée de freins à disques. Celle-ci appartenait au pilote britannique Peter Collins.
D’un côté, on y trouve la 166MM ex-Gianni Agnelli (S/N 0064), alors président de Fiat à laquelle il fait allusion dans sa fameuse formule « De toutes les voitures que j’ai conduites, je ne pourrais jamais oublier ma première Ferrari ». La 166MM tire son patronyme de la course des Mille Miglia et fut la première Ferrari à remporter les 24 heures du Mans. En dessous d’elle se trouve une belle 250 GT Cabriolet Pininfarina, première Ferrari a être équipée de freins à disques. Celle-ci appartenait au pilote britannique Peter Collins.
De l’autre côté se trouvent trois modèles iconiques de la marque, à savoir la 275 GTB/4, la Testarossa Spider de Gianni Agnelli (et oui, encore lui !) et enfin la mythique F40.
Nous arrivons maintenant dans la partie la plus impressionnante, la rétrospective des modèles de course qui ont fait l’histoire de Ferrari. Je me permets de souligner un point important, les organisateurs de l’exposition ont souhaité exposer un maximum de véhicules originaires du Royaume-Uni ou bien qui ont un rapport avec l’Angleterre, ce qui fait toute la différence d’une exposition traditionnelle.
La première merveille à être exposée est la 500 F2 (Châssis 500/625 #005) que pilotait Alberto Ascari durant les Championnats du Monde 1952-1953. Cette voiture est accompagnée du trophée glané en 1952 durant le Grand Prix de Silverstone… par cette même auto, le souci du détail ! Cette 500 est par ailleurs la Formule 2 la plus titrée de l’histoire avec 6 victoires sur 7 lors du championnat 1952 et 5 de plus sur le championnat suivant. Elle est désormais la propriété du Musée de Donington Park (à venir sur votre site favori) après avoir passé l’essentiel de sa carrière en Australie, Nouvelle Zélande et Afrique du Sud… Une miraculée qui a tout de même été restaurée depuis ce temps.
La première merveille à être exposée est la 500 F2 (Châssis 500/625 #005) que pilotait Alberto Ascari durant les Championnats du Monde 1952-1953. Cette voiture est accompagnée du trophée glané en 1952 durant le Grand Prix de Silverstone… par cette même auto, le souci du détail ! Cette 500 est par ailleurs la Formule 2 la plus titrée de l’histoire avec 6 victoires sur 7 lors du championnat 1952 et 5 de plus sur le championnat suivant. Elle est désormais la propriété du Musée de Donington Park (à venir sur votre site favori) après avoir passé l’essentiel de sa carrière en Australie, Nouvelle Zélande et Afrique du Sud… Une miraculée qui a tout de même été restaurée depuis ce temps.
Elle précède une très jolie 250 GT SWB Berlinetta (S/N 2119GT), dans laquelle Sir Stirling Moss remporta le Tourist Trophy de Goodwood en 1960.
Puis l’on retrouve une fameuse 250 GT Sperimentale, prototype sur base de SWB dont Ferrari s’est servi pour le développement de la 250 GTO. Ça n’est donc pas une surprise qu’elle soit placée entre la SWB et la GTO…
Voici maintenant 3767GT, la 250 GTO de David Piper, un autre pilote anglais de renom. Peinte dans un vert qui donne du fil à retordre aux photographes, elle fait partie de ces GTO qui ne sont pas rouges pour notre plus grand plaisir. Piper y a gagné les 9h de Kyalami à son volant, et s’est offert une place d’honneur sur le Tour Auto 1962. La voiture est toujours propriété d’un anglais qui participe souvent aux hommages au modèle le plus connu de la marque au cheval cabré… C’est un plaisir pour moi de finalement pouvoir l’approcher !
L’alignement est complété par une Formule 1, mais pas n’importe laquelle. Voici la F1-2000 de Michael Schumacher, au volant de laquelle il a remporté son troisième championnat du monde mais surtout le premier pour Ferrari en 21 ans. Elle marque le départ de la domination Ferrari qui durera près d’une demi-décennie !
Nous approchons désormais de la fin de cette exposition avec une lignée de casques tout aussi beaux les uns des autres. Le casque jaune est celui de José Froilàn Gonzalez, qui l’a suivi durant toute sa carrière. Le pilote a en effet gardé ce casque durant toutes ses années de course, c'est donc avec celui-ci qu'il a remporté le premier Grand Prix de Ferrari. Nous sommes en 1951 et il s’agit du Grand Prix d’Angleterre !
Traditionnellement, le meilleur est gardé pour la fin. Enfin, devrais-je plutôt dire la meilleure et plus puissante Ferrari jamais construite : la LaFerrari Aperta. Elle est présentée comme étant le dénouement de toutes ces péripéties avec une mécanique mi-classique (un gros V12) mi-moderne (la partie électrique). Cet exemplaire Bianco Fuji Oppaco appartient au renommé chef britannique Gordon Ramsay, et est ici accompagné de son moteur que l’on peut admirer en détail !
C’est ainsi que se terminait cette extraordinaire exposition Ferrari Under The Skin. Fermée depuis le 15 Avril dernier, elle est sans aucun doute l’une des plus complètes que j'ai visitées. Si vous souhaitez vous renseigner encore plus sur l’histoire de cette marque si particulière, je vous conseille le livre éponyme à l’exposition « Ferrari : Under the Skin » (en anglais), écrit par Andrew Nahum et publié aux éditions Phaidon Press. Quant aux voitures, certaines sont souvent visibles en exposition permanente dans d'autres musées ou lors de manifestations historiques, rien n'est perdu donc. Chers lecteurs, je vous remercie de votre fidélité et vous dis à la prochaine fois !