Essai : Audi e-tron 55 quattro Avus Extended
Textes et photos par Valentin Bourgeois.
Chez Arts & Mécaniques, nous sommes de grands passionnés d'automobile. Qu'elles soient anciennes ou récentes, automatiques ou manuelles, sportives ou familiales, essence ou... Essence. En tant que puristes et amateurs de l'âge d'or de l'automobile, il est pour nous inconcevable de posséder un véhicule diesel, alors que dire d'une voiture électrique ! Mais l'été dernier, nous avons dérogé à la règle en essayant le dernier-né de la gamme électrique de chez Audi : l'e-tron 55 quattro. Grand SUV totalement électrique, il peut embarquer jusqu'à cinq personnes dans un confort ultime et dans un silence absolu. Alors, pour une marque qui se veut sportive, l'e-tron et ses 2,5 tonnes l'est-il vraiment ? Nous avons mis le SUV à l'épreuve dans une série d'essais, afin de savoir ce qu'il vaut réellement...
L'extérieur : futuriste, mais peu sportif !
Le premier critère sur lequel nous avons décidé d'évaluer l'e-tron est son design. Les SUV sont aujourd'hui monnaie courante sur le marché automobile, avec une offre à ne plus savoir où donner de la tête. L'e-tron (prononcez "i-trone") arrive à un moment clé pour la marque Audi, celui du passage à l'électrique. Dans un soucis d'innovation et de différenciation avec la gamme, l'e-tron change radicalement par rapport au Q8, son cousin thermique. A commencer par le design de la face avant, totalement inédit : la calandre, bien qu'inutile pour un véhicule électrique, est joliment agrémentée de lamelles peintes pour un effet "métallique" très futuriste. Les phares avec feux de jour à DEL se différencient du reste de la gamme tout en respectant les codes stylistiques Audi.
Le modèle de notre essai étant un véhicule de lancement, les jantes en 21" sont entourées d'élargisseurs peints en couleur contrastante "Gris Manhattan" qui rappellent ceux des versions Allroad des A4 et A6. Le design des jantes est une fois de plus assez futuriste, alliant aluminium poli et peinture pour un résultat "diamond cut" du plus bel effet.
La vue de profil donne l'impression que la voiture est très élancée vers l'arrière, à la manière d'un break de chasse. Plutôt satisfaisant à l’œil, d'autant plus que le design des feux arrières est inédit au modèle. Le ceinture de caisse est assez haute, avec une surface vitrée qui diminue au fur et à mesure que l'on se rapproche du hayon. Les galbes des ailes avant et arrière sont légèrement élargis pour accentuer le côté sportif.
En option, l'e-tron dispose de rétroviseurs virtuels sous forme de caméras qui sortent tout droit d'un film de science-fiction. Malheureusement, notre modèle d'essai n'en était pas équipé, mais imaginez cela comme deux antennes avec une caméra de la taille d'une GoPro aux extrémités. Vous remarquez que le véhicule est dépourvu de trappe à essence conventionnelle, remplacée par une trappe de recharge située sur les ailes avant, agrémentée d'un logo orange "e-tron".
De l'extérieur, il ne ressemble pas à un SUV traditionnel grâce à son design inédit. D'une longueur de 4,90m pour 1,94m de large, il en impose et la peinture blanc glacier métallisé accentue les différentes formes de la carrosserie. Bien que l'appréciation d'un design est purement objective, je trouve l'e-tron bien proportionné et j'apprécie le côté décalé de son dessin. La calandre, pièce maîtresse d'une Audi, profite d'un design différent ce qui permet de l'intégrer sans trop en faire. L'aspect général "shooting brake" est très appréciable et change des SUV Coupé que l'on peut trouver chez de nombreux constructeurs. Il manque cependant un peu de fantaisie (à l'image du Mercedes-Benz EQC et sa calandre en verre).
L'intérieur : navette spatiale...
Point suivant sur lequel nous allons noter l'e-tron : l'intérieur. Il reprend la planche de bord initiée sur la dernière A8, avec le Virtual Cockpit et le système d'info-divertissement à double écran. Le principal changement opère au niveau de la console centrale, qui est intégralement revue avec un sélecteur de vitesse qui devient flottant. Très agréable à la prise en main, c'est un grain d'originalité qui est le bienvenue dans cet intérieur germanique assez austère, il faut le dire.
Au niveau de l'ergonomie d'utilisation, l'e-tron n'est à première vue pas facile à prendre en main. Seuls six "boutons" se trouvent sur la planche de bord si l'on exclut ceux du volant, correspondant aux feux de détresse, au 2 boutons de changement du mode de conduite, à la désactivation de l'antipatinage, au dégivrage de lunette arrière et à la désembuage du pare-brise. Ceux-ci sont à retour haptique, c'est à dire que l'on appuie pas dessus à proprement parler mais on le touche et un retour sous forme de vibration sera fait sur votre doigt. Le reste des commandes se trouve directement sur les écrans, qui sont donc au nombre de deux. En haut, c'est la radio FM/DAB+, le lecteur audio, Apple Car Play, le GPS, la commande de réglage des sièges ou encore la commande de sélection de la lumière ambiante que vous pourrez choisir. Le second écran situé juste en dessous vous permettra de régler la climatisation, vos sièges chauffants/ventilés/massants, de rentrer les coordonnées du GPS par un écriture manuscrite ou même de faire apparaître un clavier numérique pour entrer vos destinations. Il y a aussi la possibilité de programmer des actions précises au travers de raccourcis.
Au final, la prise en main demande un peu d'investissement mais se révèle très pratique une fois habitué. Cependant, tant d'écrans et de boutons virtuels oblige le conducteur à quitter la route des yeux dès lors qu'il souhaite modifier quelque chose, ce qui constitue à mes yeux un très gros point faible. On se retrouve vite attiré par ces nombreux écrans tous aussi beaux les uns des autres, à admirer la fluidité des menus au lieu de regarder notre route...
Au final, la prise en main demande un peu d'investissement mais se révèle très pratique une fois habitué. Cependant, tant d'écrans et de boutons virtuels oblige le conducteur à quitter la route des yeux dès lors qu'il souhaite modifier quelque chose, ce qui constitue à mes yeux un très gros point faible. On se retrouve vite attiré par ces nombreux écrans tous aussi beaux les uns des autres, à admirer la fluidité des menus au lieu de regarder notre route...
Essai dynamique : dé-coi-ffant !
Allez, passons à ce qui nous intéresse le plus : la conduite. Avec ses 360 chevaux (overboost à 408 chevaux) et ses 561Nm de couple, l'e-tron est plutôt sérieux sur le papier avec un 0 à 100 abattu en 5,7 secondes. Le système e-quattro autorise une transmission intégrale permanente qui offre à l'e-tron de belles capacités dynamiques...
Nous avons eu la chance de pouvoir essayer le véhicule sur un chemin privé, ce qui nous a permis de le pousser un peu plus que sur routes ouvertes. Tout d'abord, la voiture propose un système launch control qui est absolument décoiffant. Il suffit de le mettre en mode dynamique, avec le sélecteur en position S et son pied gauche sur le frein. Le pied droit vient sur l'accélérateur que l'on appuie à fond, au delà du premier cran pour activer le mode boost. Au moment où l'on relâche le pied gauche du frein, l'e-tron démarre comme une trombe et les 664 Nm vous collent au siège, les limitations de vitesse sont alors très vites dépassées jusque 200km/h, où le compteur se bloquera automatiquement. Les freins sont performants, mais il n'est absolument pas conseillé de faire du circuit avec sous peine d'usure (très) prématurée. Au niveau de la direction, on retrouve un retour très typé SUV, peu précis et souple. Seule la transmission intégrale permet de placer le véhicule correctement dans les virages, et toutes les aspérités de la route sont lissées pour un retour dans le volant minimal. La suspension pneumatique donne l'impression d'être sur un tapis volant tellement elle est efficace, et se raidit pour un comportement plus sportif en fonction des modes de conduite. En conduite mixte, l'e-tron peut se révéler extrêmement souple et très économique lorsque l'on active le système de récupération d'énergie. La pédale de frein devient une "e-pedal", et l'on gère les phases d'accélération ou de freinage sans toucher aux freins. Couplez à cela l'utilisation du limiteur de vitesse ou du régulateur, et vous pourrez faire environ 30 à 40 kilomètres sans perdre un seul kilomètre d'autonomie. Parlons en, les 417 kilomètres d'autonomie annoncés sont plus proches des 350 lorsque l'on utilise toutes les fonctions sur un trajet mixte. Forcément, l'autoroute ou le pied lourd réduira un peu plus l'autonomie comme sur tout véhicule électrique.
S'il y a une chose qui m'a surpris, c'est bien l'agrément de conduite procuré par l'électrique. Je suis le premier à prôner le son des moteurs atmosphériques, je ne peux résister à l'écoute d'un Flat-6 à 9000 tours/minute, mais de manière très sérieuse, dans un SUV, il n'y a pas besoin de tout cela. Pour un véhicule qui fera essentiellement des allers-retours maison-travail, qui évoluera en milieu urbain et occasionnellement sur autoroute pour partir en vacances, le silence procuré par l'électrique et l'instantanéité de la réponse à la pédale est appréciable au plus haut point. Alors oui, l'électrique n'est peut être pas aussi écologique qu'on nous le fait croire, mais ce type de motorisation procure une nouvelle expérience de conduite que je n'avais jamais ressenti jusque là. Le seul inconvénient survient lorsque les passagers du véhicule, dont l'oreille interne est habituée à comprendre que le conducteur accélère lorsque le moteur s'emballe, vont se retrouver chamboulés et parfois surpris sur des phases d'accélération soudaines par manque de son.
Bilan : l'électrique, pas si mauvais ?
Pour notre premier essai de voiture électrique, l'e-tron s'est révélé être un exemple plutôt convaincant. Avec un design qui détonne dans la circulation, une présence certaine sur les routes et un intérieur à la pointe de la technologie, on ressent bien que l'on est dans une Audi et l'on pourrait penser qu'elle est équipée d'un V6 diesel. La seule vraie différence réside dans la conduite qui se retrouve métamorphosée, axée sur le confort et le silence tout en devenant dynamique lorsqu'il le faut. Le pléthorique équipement de sécurité, entre avertisseur de franchissement de ligne, régulateur adaptatif, assistant d'embouteillage, affichage tête haute, détection de danger ou vision nocturne, promet une conduite sécurisée et sereine. Malgré un gabarit imposant, l'e-tron reste facile à conduire. L'autonomie est certes inférieure à un modèle équivalent en moteur thermique, mais qui fait plus de 300 kilomètres d'une traite sans s'arrêter boire un café ? Les solutions de recharge rapide permettent à l'e-tron de récupérer 80% de sa charge complète en seulement 30 minutes, soit le temps de pause recommandé. De plus, le système d'info-divertissement embarqué vous permettra de faire passer le temps pendant que votre véhicule se recharge.
Alors, à près de 120 000€ pièce, l'Audi e-tron 55 quattro Avus Extended promet un écrin de confort futuriste légèrement plus cher qu'un Q8. C'est bien une Audi, avec de belles capacités dynamiques et le système quattro qui n'est plus à présenter. La présentation globale est soignée, et la technologie utilisée promet une sérénité de conduite et des coûts d'utilisation amoindris. Si vous êtes passionnés par la technologie, ouverts à toute forme d'innovation, pas trop attachés aux moteurs thermiques et que vous avez une belle capacité de financement, l'Audi e-tron pourrait bien être pour vous, à condition de faire quelques concessions...
Alors, à près de 120 000€ pièce, l'Audi e-tron 55 quattro Avus Extended promet un écrin de confort futuriste légèrement plus cher qu'un Q8. C'est bien une Audi, avec de belles capacités dynamiques et le système quattro qui n'est plus à présenter. La présentation globale est soignée, et la technologie utilisée promet une sérénité de conduite et des coûts d'utilisation amoindris. Si vous êtes passionnés par la technologie, ouverts à toute forme d'innovation, pas trop attachés aux moteurs thermiques et que vous avez une belle capacité de financement, l'Audi e-tron pourrait bien être pour vous, à condition de faire quelques concessions...