Spa Six Hours 2023
Textes et photos par Valentin Bourgeois.
Sept. Un chiffre que l'on retrouve dans les championnats du monde de Lewis Hamilton, ou encore dans le mythique modèle de Lotus, la Seven. Mais c'est aussi le nombre de couvertures de Spa Six Hours que vous avez pu lire sur Arts & Mécaniques depuis 2014. Alors vous vous en doutez, il s'agit d'un de mes événements fétiches, pour de nombreuses raisons : la qualité des plateaux, l'organisation, mais aussi la superbe course de six heures unique en son genre. Retour en images sur cette édition anniversaire à l'occasion des 30 ans de la course !
Pour les nouveaux venus parmi vous, Spa Six Hours est avant tout une course d'endurance qui débute le samedi aux alentours de 16 heures, et ce jusque la nuit tombée. Comme d'habitude, les Ford GT40, vraies ou répliques, trustent les premières lignes à la poursuite d'une victoire tant espérée, tandis que les Jaguar Type E et autres Shelby Cobra se fraient un chemin parmi les Porsche 911, MG B ou Ford Falcon. Une célébration de la course automobile des années soixante en somme. Il est 15 heures et 35 minutes et la pré-grille commence à se former dans la descente vers le Raidillon. Nous découvrons les compétiteurs, pour la plupart grands habitués.
À peine ai-je le temps de faire ces quelques clichés que l'évacuation de la grille est ordonnée, le départ doit être donné à 15 heures 50 précises. Je me rends en direction de l'épingle de La Source qui promet un beau spectacle, d'autant plus depuis qu'un gigantesque bac à sable a remplacé le bitume. Dans un vacarme assourdissant des V8 Ford, la course est lancée, heureusement sans incident majeur !
Je reste quelques tours supplémentaires à l'extérieur de La Source avant de repasser de l'autre côté de la piste, pour capturer les entrées dans la fameuse épingle. Il y a une superbe lumière automnale ce qui favorise les beaux clichés !
Six heures, c'est beaucoup mais en même temps très court, surtout lorsque l'on connaît les 24 heures du Mans. Une heure est déjà passée depuis le départ et c'est dans les stands "F1" que je me rends afin de capturer les premiers arrêts.
Pour ceux qui n'ont pas encore eu la chance de se rendre au Circuit de Spa-Francorchamps, il s'agit d'un tracé niché au cœur des Ardennes belges, très vallonné et entouré de collines. Outre la météo très capricieuse que l'on connaît, la lumière naturelle est elle aussi un challenge, car le soleil disparaît derrière les montagnes rapidement sur certaines parties du circuit, tandis que les autres, plus en hauteur, en profitent jusqu'au bout. Il est à peine 17 heures, soit un peu plus d'une heure après le départ, quand je prends la photo de la Morgan en travers au Bus Stop : la lumière n'est déjà plus là !
Un temps ensoleillé à Spa Six Hours étant rare, je veux en profiter jusqu'au bout et je me rends donc aux Combes, sur la partie la plus haute du circuit. La lumière de plus en plus rasante y est magnifique, l'occasion de prendre quelques filés en intérieur du virage.
Mais il me reste encore quelques temps avant le vrai coucher de soleil, direction l'extérieur du circuit pour avoir quelques gros plans des freinages au bout de la ligne droite de Kemmel.
17 heures 46, quelques minutes avant l'entame de la troisième heure de course, un beau ciel orangé se montre enfin. J'en profite pour descendre la vitesse d'obturation, passant de 1/30 à 1/6ème de seconde... Et oui, comme en piste, le temps se mesure en dixièmes voir sixièmes de seconde pour un cliché presque parfait.
Les phares s'allument, nous perdons en une demie-heure près de 10 degrés et la pénombre approche...
Le retour à l'intérieur des Combes se fait dans une lumière rosée absolument majestueuse, fruit d'un coucher de soleil magnifique. Il n'y a pas de filtre couleur spécifique sur ces photos, l'ambiance était vraiment au rosé pour un effet des plus fous. En sept couvertures de l'événement, jamais je n'avais vécu un tel coucher de soleil ! Je maintiens et persiste, Spa Six Hours est un événement magique.
Les disques de freins rougissent de plus en plus, non pas car les pilotes freinent plus tard, mais tout simplement car la nuit s'installe ce qui les rend plus faciles à observer. Plongé dans la nuit noire, je n'ai même pas besoin de fermer les yeux pour m'imaginer dans un rêve car c'est bien la réalité : des prototypes et GT des années 60 forment un formidable ballet entre phares aveuglants, retours de flammes et freins rougis.
Il est 20 heures lorsque je retourne vers les stands pour les deux dernières heures de course. Le programme est simple : photographier les derniers arrêts aux stands avant de monter à la Source, puis redescendre en pitlane 24 heures pour avoir le podium...
Arrivé à la Source, je me rends compte que j'ai complètement oublié d'apporter un flash, obligatoire pour espérer faire de belles photos. Je dois donc composer avec le flash des autres photographes tout en m'assurant de déclencher au moment adéquat... Tout un sport, je me suis promis d'emmener un vrai flash l'année prochaine !
À 21 heures 50, le drapeau à damiers est abaissé sur la Ford GT40 du trio gagnant : Andy Priaulx, Gordon Shedden et Miles Grifiths. À la surprise générale, la seconde position n'est pas pour une Ford GT40 mais une petite Lotus Elan 26R que l'on voyait littéralement voler sur la piste, tandis qu'une seconde GT40 monte sur la troisième marche du podium.
Pour vous, chers lecteurs, le visionnage de ce reportage est sûrement reposant, mais sachez que couvrir une course d'endurance de six heures, avec des impératifs d'horaires pour avoir la bonne lumière au bon endroit et à la bonne heure n'est pas de tout repos. Levé depuis quatre heures du matin, c'est donc exténué que je photographie le podium général avant de prendre la direction de mon hôtel pour la nuit, des souvenirs pleins la tête.
HGPCA Pre-66 Grand Prix Cars
La journée n'a en effet pas commencé à 15 heures 50, mais bien plus tôt pour les courses support de Spa Six Hours. Je retrouve la première d'entre elles à mon arrivée : les voitures de Grand Prix d'avant 1966. On y met en valeur les voitures de l'époque Jim Clark, Juan Manuel Fangio ou encore Graham Hill dans deux courses de 30 minutes. Quel plaisir de voir ces monoplaces constituées de quatre roues, un volant, un moteur, un pilote et rien de plus !
Masters Endurance Legends
Je vous présente les plateaux dans l'ordre chronologique du samedi, c'est donc un énorme bond dans le temps que nous faisons pour retrouver les prototypes et GT des années 1996 à 2016 dans la catégorie Masters Endurance Legends. Le plateau était moins fourni que les années précédentes mais pas en reste, entre la Dallara SP1 et son V10 Judd hurlant, la Chrysler Viper GTS-R quatrième aux 24 heures de Spa 2001 ou encore la mélodieuse Lola-Aston Martin DBR1-2.
Belcar Touring Cup
Chaque passionné d'automobiles trouve son bonheur à Spa Six Hours. Le championnat Belcar Touring Cup permet à des Youngtimers, comprenez des voitures produites entre le début des années 80 et la fin du millénaire, de se mesurer en piste dans des courses à l'esprit bon enfant. Malheureusement, on y trouve beaucoup de répliques voir même quelques voitures aux kits carrosseries très douteux. La présence de quelques Groupe A originales vient rehausser le niveau, entre les Mercedes 190 E et les BMW M3 E30. En 1997, les 24 heures de Spa étaient réservées aux voitures de tourisme et Volkswagen engageait des Golf GTD : celle que vous retrouverez dans la galerie ci-dessous en est une des originales !
Masters Racing Legends - Formula 1 1966-1985
Le plateau qui suit va sûrement vous plaire car il s'agit des fabuleuses Formule 1 des années 1966 à 1985, pour certaines avec la fameux effet de sol. Quoi de mieux que de se positionner au pied du Raidillon, dans la cuvette dite "de l'Eau Rouge", pour ressentir le déplacement d'air initié par ces monstres de puissance ? Je peux vous assurer que c'est impressionnant, à la limite de la peur.
Bonus : les autres courses et les inclassables...
Voici quelques photos de la dernière course support à laquelle j'ai assisté, les Masters Sport Car Legends et ses Lola T70 ou autres Chevron que l'on connaît très bien sur d'autres événements. L'événement ayant changé de format, je n'ai assisté qu'à cinq courses supports le samedi, les autres se déroulant désormais le vendredi. Le dimanche, la journée "Classics & Friends" dédie la piste aux passionnés et propriétaires d'autos historiques pour des séances de roulages variées, chamboulant quelque peu le programme habituel. Voici un petit florilège de photos, entre ambiance du paddock, voitures support exotiques et nature morte...
Pour son trentième anniversaire et ma septième couverture de l'événement, Spa Six Hours a une nouvelle fois répondu aux attentes haut la main, avec de l'action en piste et chose rare, pas une seule goutte de pluie ! Comme quoi, même fin septembre, le Circuit de Spa-Francorchamps a toujours de quoi surprendre. Je remercie une nouvelle fois l'organisation de Roadbook Events pour leur confiance renouvelée, on remet ça pour une huitième couverture l'année prochaine, en espérant, chers lecteurs, que vous soyez de la partie !