Double essai : Mini Cooper S R53 x Renault Clio 2 RS 182

Textes et photos par Valentin Bourgeois.

C'est à l'occasion de mes études au Mans que j'ai pu photographier ces deux bombinettes que l'on peut tout à fait qualifier de GTi modernes. L'une est une Mini Cooper S de 2006 (génération R53 à compresseur et l'autre est une Renault, la Clio 2 RS dans sa version 182 chevaux de 2004, surnommée "RS 3". Toutes les deux ont été modifiées subtilement par leurs propriétaires dans le but d'allier usage quotidien et plaisir occasionnel. D'où l'idée qui m'est venue à l'esprit : et si on les comparait ? Si vous avez un penchant pour les petites sportives peu onéreuses, ce match est fait pour vous !

Cooper S x Clio RS : Le design. 

Premier point sur lequel tout passionné d'automobile peut débattre durant de longues heures, le design extérieur. La Mini est la première de l'ère BMW, avec un aspect rondouillard très sympathique et un gabarit contenu. Elle est ici peinte dans le Royal Grey WA48, une jolie teinte aux légères notes marron. Bien que de dimensions similaires, la Clio laisse plus de place à la fantaisie, avec son Jaune Sirius et de beaux phares triangulaires qui rappellent le losange Renault dans leur design, tandis que le gabarit est sensiblement le même que la Mini.

Commençons par la face avant. La Mini est dotée d'une gigantesque entrée d'air en plein milieu du capot, avec une calandre en une seule partie sur toute la largeur. La Clio est plus civilisée dans l'intégration d'une aération supplémentaire, se contentant d'une grille entre la calandre en deux parties et la plaque d'immatriculation. Les deux sont équipées d'une paire d'antibrouillards et d'une grille dans la partie inférieure du pare-chocs.

La Mini se veut bourgeoise et tient à rappeler son héritage : elle fait la part belle aux chromes (cerclage des phares, coques de rétros) et affiche une ligne de toit flottante grâce une très large surface vitrée et les montants de pare-brise noirs.

La Clio est plus conventionnelle, avec une calandre en deux parties coupée par le logo Renault, une ceinture de caisse plutôt basse et un toit plongeant légèrement sur l'arrière.

La Clio ne se démarque pas vraiment d'un modèle de base à part au niveau de l'inscription "2.0 16V" sur les baguettes de porte. La Mini arbore un discret badge "S" au niveau du répétiteur du clignotant mais la différence avec une Cooper classique est également subtile.

La trappe à essence de la Mini est apparente et chromée, toujours dans un soucis d'hommage au modèle original. Un beau détail qui sera très apprécié des puristes !

Vue de profil, la Clio est clairement campée sur ses roues avant. Tous les éléments de carrosserie sont peints ce qui est du plus bel effet.

Enfin, le 3/4 arrière est sûrement l'angle que vous verrez le plus souvent de ces autos. La Mini propose une très belle double sortie d'échappement centrale, deux petits feux triangulaires cerclés de chromes et une barrette chromée en plein milieu du hayon. Les montants latéraux sont noirs, toujours dans cette optique de toit flottant. Une simple inscription Cooper S sur le hayon vous informe sur la déclinaison de la voiture. 

La Clio parait moins commode à la vue du 3/4 arrière, avec son aileron spécifique intégrant le troisième feu de stop. La double sortie chromée et placée au centre donne le ton tandis que le bouclier gagne en agressivité avec une barrette noire sur toute la largeur. Le logo Renault Sport annonce la couleur, malgré l'innocent badge "Clio".

Pour ce qui est des jantes, la Mini possède des montures personnalisées AC Wheels en 17" qui lui donnent un look musclé. La Clio est chaussée en 16", avec ses jantes alliage d'origine "Synthèse".

Départager ces deux autos sur le physique n'est pas une mince affaire, l'une rendant hommage à un modèle mythique tandis que l'autre est l'apogée d'une génération de Clio. Mon côté amateur de véhicules anciens me fait légèrement pencher pour la Mini, notamment pour ses petits détails qui font un joli clin d’œil à l'histoire. Mais le design du véhicule étant purement subjectif, je considère que les deux sont aussi belles l'une que l'autre : Clio 1 - Mini 1.

Cooper S x Clio RS : L'intérieur.

Prenons désormais place à bord de ces deux bolides que tout oppose. La première impression est claire, nous sommes bien dans des citadines et les places arrières ne sont pas le lieu idéal pour voyager. Mais à l'avant, c'est une toute autre histoire...

Dans la Mini, le volant mono-branche bicolore est plutôt surprenant au premier abord et peu esthétique. Il permet néanmoins d'avoir une vue dégagée sur le compte-tours gradué jusqu'à 8000 tours/min. Le compteur de vitesse est placé au centre, comme dans l'originale, entouré de deux aérateurs. Le tout est cerclé de chrome et habillé par des inserts anthracite. 

La Clio étant plus âgée de deux ans, les plastiques ont subi les affres du temps, notamment sur le volant et le couvre-airbags. La console centrale est également moins dessinée que sur la Mini, mais des inserts couleur carrosserie viennent rehausser le tout. On retrouve néanmoins l'inscription Renault Sport sur le volant et le pommeau RS non d'origine. Le compte-tours est aussi gradué jusqu'à 8000 tours/minute.

La planche de bord de la Mini est flottante sur toute la largeur, et intègre la casquette du compteur de vitesse.

À l'opposé, la celle de la Clio est très plongeante et plus conventionnelle. Elle propose une philosophie différente, avec les compteurs regroupés derrière le volant.

Seul hic sur la Mini, les sièges cuir qui, malgré un maintien latéral se voulant renforcé, sont plus adaptés à la conduite en ville qu'au mode "attaque".

Dans la Clio, on trouve de beaux sièges baquets cuir-alcantara siglés Renault Sport qui offrent un très bon maintien latéral lors des changements d'appui dynamiques. Un atout majeur si l'on est adepte de la conduite sportive ! Léger avantage Clio RS.

Cooper S x Clio RS : Le moteur.

Passons aux choses sérieuses, en commençant par la motorisation.

Comme dit auparavant, la Mini est équipé du 1.6 4 cylindres à compresseur Eaton, refroidi par un gros échangeur thermique. D'origine, ce sont 170 chevaux à 6000 tours/min qui sont transmis aux roues avant. La sonorité est plus que respectable, avec le sifflement caractéristique du compresseur, très appréciable. Ce n'était cependant pas assez pour le propriétaire qui a agrémenté la voiture d'une ligne complète sans intermédiaire John Cooper Works, libérant encore plus l'échappement tout en restant correct en décibels.

Le moteur de la Clio est plus gros, avec une cylindrée portée à deux litres. Unanimement reconnu comme rageur, cet excellent bloc produit 182 chevaux à 6500 tours (atmosphérique oblige), avec une sonorité agréable à l'oreille. À l'instar de la Mini, la ligne d'origine a été troquée pour une Yozzasport au chant très prononcé !

Nous avons donc d'un côté un moteur à compresseur avec une accélération très linéaire, et de l'autre un 16 soupapes au rendement excellent. Une fois de plus, mon choix sera totalement subjectif, le compresseur de la Mini apportant un plus qui donne l'impression d'être dans une Lotus à chaque accélération, ce qui me plaît énormément. Léger avantage Mini.

Cooper S x Clio RS : essai dynamique.

Nous arrivons maintenant dans le secteur où la Clio excelle, celui de la tenue de route. La Mini, bien qu'ayant ses roues de 17" rejetées aux quatre coins, se révèle légèrement sous-vireuse dans les virages serrés, là où la Clio va lever une roue pour s'inscrire parfaitement dans la courbe. Ce n'est pas un secret, les châssis Renault Sport sont excellents et celui de la 2 RS n'est pas en reste, surtout que notre modèle d'essai était équipé de l'incroyable châssis sport.

Au niveau de l'agrément de conduite, c'est la Mini qui remporte les suffrages, l’accélération linéaire due au compresseur étant très plaisante. Seul hic, la consommation du 1.6 devient vite affolante si l'on a le pied lourd... La Clio nécessite de monter en régime pour révéler son vrai tempérament tout en restant raisonnable niveau consommation, mais les reprises à bas régime sont parfois un peu difficiles. Pour ce qui est de la direction, les deux ont un retour très communicatif, et on a vraiment l'impression de faire partie intégrante avec la voiture. La Clio, bien que plus pointue niveau châssis, peut parfois venir se placer dans une légère dérive au niveau du train arrière ce qui peut perturber les conducteurs les moins expérimentés.

Le système de freinage de la Clio est ultra performant (le propriétaire a fait installer des disques Brembo Max et des plaquettes Ferodo DS2500) et très précis, la voiture ne pesant que 1090kg. La Mini, bien que moins puissante, est 50 kilogrammes plus lourde que sa concurrente ce qui se ressent en cas de freinage appuyé.

En fin de compte, les deux voitures ont chacune leur interprétation du concept de petite sportive. D'un côté, la Clio fait la part belle à la légèreté, avec un très bon moteur atmosphérique, un châssis aux petits oignons et un tempérament qui se rapprocherait presque d'une pistarde. Mais l'intérieur vieillit difficilement, et son design ne plaira pas à tout le monde. De l'autre, la Mini privilégie le fun et sera forcément plus lente sur un tour chronométré. Cependant, l'agrément procuré par le compresseur est un vrai plus et le châssis se défend tout de même très bien lorsqu'il est mis à l'épreuve. Les seuls inconvénients de l'allemande sont sa consommation parfois excessive, et l'entretien en réseau BMW qui peut s'avérer cher.

Alors, s'il n'en restait qu'une, laquelle serait-ce ? Et bien tout dépend de l'utilisation que vous souhaitez en faire. Vous voulez une petite sportive qui peut aller jouer dans la cour des grands sur circuit le dimanche ? Prenez la Clio. Vous voulez une voiture facile à piloter, ludique et pas courante ? Prenez la Mini. Personnellement, j'aime beaucoup l'aspect néo-rétro de cette dernière et son tempérament collerait plus à une utilisation quotidienne comme je peux avoir. Par contre, si je pouvais faire du circuit, je n'hésiterais pas une seconde avant de prendre la Clio tant le châssis est bluffant. Parlons rapidement des prix : la Mini Cooper S R53 se négocie actuellement autour de 7000€ pour un bel exemplaire, tandis qu'une Renault Clio 2 RS 182 avec châssis sport comme celle-ci se situe plus autour des 10 000€.

Je tiens à remercier Maxime et Adrien pour la mise à disposition des deux voitures et pour leur patience lors de la séance photos.