Audemars Piguet Royal Oak "Kasparov" Chronograph ref. 25860ST
X
Lamborghini Countach LP400 "Periscopio"
Textes et photos par Valentin Bourgeois (sauf spécifié).
À la fin des Trente Glorieuses, alors que le monde est successivement entraîné dans une crise financière (1971, fin de la convertibilité du dollar) puis dans un choc pétrolier (1973), le développement de l'automobile et des objets de luxe semble compromis.
Dans la petite ville italienne de Sant'Agata Bolognese, le constructeur automobile Lamborghini est pourtant dans l'obligation de remplacer la Miura produite depuis 1966, car le concurrent principal Ferrari vient de sortir la 365 GTB Daytona qui la surpasse en tous points. Un premier essai est réalisé avec la Jarama qui n'aura pas le succès escompté (seulement 327 exemplaires). Ferruccio Lamborghini demande alors à son équipe de designers et d'ingénieurs de construire une voiture qui puisse arriver au niveau de la Miura et la surpasser, afin d'avoir une vraie concurrente à la Ferrari. Paolo Stanzani (ingénierie), Marcello Gandini (design) et Massimo Parrenti se voient confier cette lourde tâche sous le nom de code LP112.
Dans la petite ville italienne de Sant'Agata Bolognese, le constructeur automobile Lamborghini est pourtant dans l'obligation de remplacer la Miura produite depuis 1966, car le concurrent principal Ferrari vient de sortir la 365 GTB Daytona qui la surpasse en tous points. Un premier essai est réalisé avec la Jarama qui n'aura pas le succès escompté (seulement 327 exemplaires). Ferruccio Lamborghini demande alors à son équipe de designers et d'ingénieurs de construire une voiture qui puisse arriver au niveau de la Miura et la surpasser, afin d'avoir une vraie concurrente à la Ferrari. Paolo Stanzani (ingénierie), Marcello Gandini (design) et Massimo Parrenti se voient confier cette lourde tâche sous le nom de code LP112.
Mais comment surpasser l'exceptionnelle Miura et son V12 en position centrale arrière tout en conservant un style hors du commun ? Il faut décider ce que l'on souhaite faire de ce véhicule et bien que la Miura fut une voiture de Grand Tourisme, sa descendante sera une voiture de sport, à la répartition de poids optimisée permettant une meilleure stabilité à haute vitesse. L'équipe prend la décision de tourner le moteur en le passant en position longitudinale arrière, Longitudinale Posteriore en italien qui lui donnera le nom de LP sur la version définitive. La carrosserie est ensuite dessinée autour de ce gigantesque V12 avec un but : que son design détonne le plus possible par rapport au reste de la production automobile. Nous sommes alors au début des années 70 et les voitures restent encore principalement rondes (Volkswagen Coccinelle, Porsche 911) ou avec des formes arrondies (Dodge Challenger, Dino 246 GT). Le designer de Bertone Marcello Gandini propose un dessin aux arrêtes franches, avec des phares escamotables, des portes s'ouvrant vers le ciel comme pour fendre l'atmosphère et un arrière qui s'arrête d'un coup, comme sur la Miura. La légende dit que lorsque le concept LP500 est présenté pour la première fois, Nuccio Bertone s'est exclamé "Countach" devant le véhicule, ce qui signifie "fabuleux" dans un argot piémontais : le nom était trouvé !
Vue en coupe de la Countach LP400 "Periscopio" - Crédit photo Lamborghini S.p.A.
Pendant ce temps là, dans la Vallée du Joux en Suisse, on trouve dans la ville de Le Brassus un manufacturier horloger présent depuis 1875 sous le nom d'Audemars Piguet. L'horloger est depuis près d'un siècle à la poursuite des avancées techniques avec l'invention de la "Minute Repeating" en 1872 : une complication horlogère qui donne l'heure à la pression d'un bouton. S'en suivent de nombreux exploits de miniaturisation, à la fois sur des montres de poche et sur des montres au poignet jusqu'à la fin des années 60 où les ventes s'affaissent. Georges Golay, alors directeur général d'AP, demande à Gérald Genta, un designer suisse et italien, d'imaginer la prochaine montre de la marque. Le topo est le suivant : créer une montre qui puisse aussi bien être portée sur les plages de Capri que dans un restaurant chic, soit une montre de sport de luxe. Une première esquisse est réalisée pendant une nuit blanche, montrant une montre à la lunette vissée et au cadran simple, sans numéros.
Première esquisse de la Royal Oak par Gérald Genta - Crédit photo inconnu
C'est en 1972 que la version finale de la Royal Oak sera présentée à la foire de Bâle, tandis que la Countach définitive apparaîtra en 1974. La montre aura beaucoup de difficultés à se vendre les premières années, les 1000 premiers exemplaires mettant près de 3 ans à trouver preneur. Mais en 1974, une apparition au poignet de Giovanni Agnelli, alors président de Fiat, va lancer la success story de cette montre d'acier vendu au prix d'or, comme l'appelaient les journalistes à l'époque.
À l'image de la Royal Oak, la Countach LP400 et son design futuriste ne sera pas reçue par le public de la meilleure des manières, son prix élevé (52 000$ en 1975 (soit 289 000 $ actuels, inflation prise en compte) ne conquis que 151 clients. Mais les deux modèles ne savent pas encore qu'ils seront les premiers d'une longue lignée de 5 versions jusque 1990 pour la Countach et d'une production indéfinie pour la Royal Oak, toujours au catalogue de nos jours !
À l'image de la Royal Oak, la Countach LP400 et son design futuriste ne sera pas reçue par le public de la meilleure des manières, son prix élevé (52 000$ en 1975 (soit 289 000 $ actuels, inflation prise en compte) ne conquis que 151 clients. Mais les deux modèles ne savent pas encore qu'ils seront les premiers d'une longue lignée de 5 versions jusque 1990 pour la Countach et d'une production indéfinie pour la Royal Oak, toujours au catalogue de nos jours !
À l'occasion de l'édition 2023 de Rétromobile, un modèle de chaque était disponible à la vente chez Artcurial et chez Bonhams, ce qui nous a poussé à les rapprocher. Notre Countach de choix est la première itération du modèle, le châssis numéro 9 précisément. Livré neuf en France dans une teinte "Marrone", il fut repeint en argent dans les années 80 avant d'être stocké pendant près de 20 ans dans un garage de Charente-Maritime. Il est présenté avec une patine incroyable lui donnant un charme tout particulier, grâce à ce fin liseré rouge parcourant la carrosserie et son intérieur "tan" immaculé.
La Royal Oak n'est autre que la version Chronographe "Kasparov" ref. 25860ST, sortie en 1997 pour les 25 ans de la Royal Oak. Il n'y avait pas eu jusque là de chronomètre sur le modèle iconique du Brassus et Audemars Piguet corrige le tir au début des années 90. Son nom vient du joueur d'échecs Garry Kasparov, alors ambassadeur de la marque. Le sublime exemplaire qui se présente à nous est sorti de production en 1999 et fait partie des premières séries, qui ont la formidable capacité à développer une patine au fil des années rendant le cadran marron.
Crédit photos Bonhams Cornette de Saint Cyr
Cette version chronographe met alors en avant une volonté d'aller vers plus de sportivité du côté d'Audemars Piguet, à l'image de Lamborghini avec la Countach. Ces deux monuments de leur domaine vont aujourd'hui parfaitement ensemble, à la fois dans le design singulier que dans leur esprit. Un point commun entre les deux : l'utilisation de matériaux particuliers pour leur corps ou carrosserie : la Royal Oak est composée d'acier, tandis que la Countach est faite d'aluminium. Ces enveloppes renferment de l'or, qui prend la forme d'un V12 4.0l iconique ou d'un mouvement automatique 2385, le plus plat de son époque avec seulement 5,5mm d'épaisseur.
Une chose est sûre : qu'il y ait quatre roues ou six aiguilles, nous avons affaire à deux modèles révolutionnaires pour leur époque : la Countach cassait les codes du design automobile, tandis que la Royal Oak Chronograph proposait un diamètre de 39mm dans un marché préférant les 36mm.
Adjugée à 953 600€, la Countach est aujourd'hui très prisée des collectionneurs qui se sont battus pour l'obtenir. Estimé entre 45 000 et 65 000€, le chronographe n'aura malheureusement pas trouvé preneur. Qui sait, avec leurs teintes semblables et leur histoire particulière, ces deux modèles se retrouveront peut être sous le même toit ?
Adjugée à 953 600€, la Countach est aujourd'hui très prisée des collectionneurs qui se sont battus pour l'obtenir. Estimé entre 45 000 et 65 000€, le chronographe n'aura malheureusement pas trouvé preneur. Qui sait, avec leurs teintes semblables et leur histoire particulière, ces deux modèles se retrouveront peut être sous le même toit ?
Nos précédents Watches x Cars :
Zénith El Primero x Ferrari TDF
Louis Vuitton x Rolls Royce Bespoke
Roger Dubuis Excalibur x Lamborghini Aventador S
Patek Philippe ref. 3448 x Alfa Romeo Disco Volante
Porsche Design 911 Turbo Chronograph x Porsche 911 Turbo S Exclusive Series
Junkers Bauhaus x Mercedes 230E
Jacob & Co Chiron Tourbillon x Bugatti Chiron
Votre 911 au poignet avec Porsche Design
Zénith El Primero x Ferrari TDF
Louis Vuitton x Rolls Royce Bespoke
Roger Dubuis Excalibur x Lamborghini Aventador S
Patek Philippe ref. 3448 x Alfa Romeo Disco Volante
Porsche Design 911 Turbo Chronograph x Porsche 911 Turbo S Exclusive Series
Junkers Bauhaus x Mercedes 230E
Jacob & Co Chiron Tourbillon x Bugatti Chiron
Votre 911 au poignet avec Porsche Design