Centenaire des 24 heures du Mans - La parade historique
Textes et photos par Valentin Bourgeois.
En cette année de célébrations du Centenaire des 24 heures du Mans, l'Automobile Club de l'Ouest avait mis les petits plats dans les grands. Parce qu'une exposition spécifique au musée n'était pas la meilleure des manières de mettre en avant 100 ans de course automobile, deux rendez-vous spécifiques étaient prévus, la veille et le matin de la course. Avec un aura dans le monde entier, nul doute que cette bien nommée "Parade du Centenaire" allait être un moment unique et plus que de remplir ses promesses, elle a excédé les attentes de tous. Retour sur LE moment le plus incroyable de ces 24 heures du Mans, en photos !
Nous sommes le vendredi 9 juin 2023, la veille de la grande course. Normalement, il n'y a pas ou peu d'action en piste, les sessions qualificatives se déroulant le mercredi et le jeudi. Mais cette année, c'est bien sur la ligne droite des stands qu'il faut se positionner en cette fin de journée pour un événement appelé "Célébration du Centenaire des 24 heures du Mans". Les festivités commencent avec une très belle mise en valeur des commissaires qui officient lors des différentes courses, ainsi que des pilotes et des bénévoles, tous réunis sur la piste sous les applaudissements du public : passage de rafales de la Marine, d'avions historiques ou encore de la patrouille de France, un superbe hommage à ceux sans qui la course ne serait pas.
L'exposition du Centenaire des 24 heures du Mans, mettant en lumière une grande partie des vainqueurs de la course ainsi que les véhicules l'ayant marquée, se déroule alors dans le musée annexe au circuit. Mais pour cette célébration, à notre immense surprise, une très grande partie des voitures exposées vont être sorties du musée afin de les faire rouler sur la piste, devant un public ébahi et des passionnés aux anges. La parade commence avec les premiers vainqueurs, à l'image de cette Bentley, ou encore la Cadillac "Le Monstre", illustrant les premières recherche en terme d'aérodynamisme : c'était en 1950. Cette rétrospective voit ensuite passer les sublimes Ferrari 250 GTO ou LM, ainsi que les dominantes Jaguar Type D. Une nouvelle fois, certains véhicules sont des authentiques vainqueurs au général ou en catégorie, ce qui me fait vite réaliser que nous sommes en train de vivre un moment hors du temps.
La cadence de parade est élevée et nous nous retrouvons très vite dans les années 60 puis 70, avec l'âge d'or des prototypes. Les Ford GT40 victorieuses se succèdent, puis nous arrivons dans l'ère Porsche avec les 917, 936 puis 956 et 962 qui ont absolument tout dominé dans l'ère du Groupe C. Je vous laisse apprécier les photos ci-dessous, mises dans l'ordre chronologique, pour que vous vous rendiez compte de l'extrême qualité de cette parade.
Alors que tous les véhicules ont remonté la ligne droite des stands, les voici désormais en position "Départ Le Mans", offrant une lignée qui raconte 100 ans d'innovation automobile et de recherche de performances.

Devant cette lignée d'une qualité incroyable, le fan des 24 heures du Mans présent en ma personne pose l'appareil photo un instant afin de comprendre ce qui est en train de se passer. Peu importe où je regarde, il n'y a que des voitures mythiques qui racontent une histoire. J'en arrive à me pincer pour savoir si je ne suis pas dans un rêve, mais non, tout ceci est bien réel : je reprends l'appareil photo pour immortaliser ce moment qui, possiblement, ne se reproduira pas.
Mais alors que je déambule sur la piste à allure élevée afin de prendre un maximum de clichés, je réalise quelque chose : ces véhicules ont été pilotés aujourd'hui par leurs pilotes d'autrefois, et très vite je croise des têtes connues : Tom Kristensen, Monsieur Le Mans avec ses 9 victoires, Jacky Ickx, six fois victorieux, Derek Bell, quintuple vainqueur, Rinaldo Capello (3 victoires) ou encore Guy Smith (victorieux en 2003 sur Bentley Speed 8) dont les émotions peinent à être contenues quand le public les gratifie d'une standing ovation. Ma seule pensée est que je suis en train de revivre 100 ans de ma course favorite et que l'Automobile Club de l'Ouest est en train de réaliser une chose hors du commun.
Très vite, les commissaires me demandent de repasser de l'autre côté des murs des stands car un traditionnel départ type Le Mans va être donné. La "grille" se vide et seuls restent les pilotes : je décide de me positionner derrière Derek Bell et sa 917 LH et Gérard Larrousse qui va courir vers sa Matra victorieuse en 1973.
Avant que le drapeau ne soit abaissé, Derek Bell interpelle Jacky Ickx qui se trouve à ma droite : "Jacky, are you going to walk?" en référence à son départ en 1969 durant lequel il avait marché jusqu'à sa Ford GT40 en protestation de cette cérémonie qu'il jugeait dangereuse.
54 ans plus tard, le départ est lancé, tous courent vers leur voiture tandis que Jacky marche jusqu'à la 936 avec laquelle il avait gagné en 1977, en sifflotant. Il en faut peu mais c'est désormais à mes yeux que les larmes montent, avec un profond respect pour cette course, les voitures et les pilotes. Parfois j'aurai aimé vivre dans les années 60-70 pour être le témoin de ces moments, mais en 2023 je vis quelque chose qui met en lumière ce riche passé et c'est, pour moi, une forme de consécration de ma passion automobile.
54 ans plus tard, le départ est lancé, tous courent vers leur voiture tandis que Jacky marche jusqu'à la 936 avec laquelle il avait gagné en 1977, en sifflotant. Il en faut peu mais c'est désormais à mes yeux que les larmes montent, avec un profond respect pour cette course, les voitures et les pilotes. Parfois j'aurai aimé vivre dans les années 60-70 pour être le témoin de ces moments, mais en 2023 je vis quelque chose qui met en lumière ce riche passé et c'est, pour moi, une forme de consécration de ma passion automobile.
S'en suit un départ au compte goutte, sous l'abaissement d'un drapeau français comme la tradition le veut. Les mélodies se succèdent, des V12 Ferrari aux 6 cylindres diesel Audi, en passant par le fabuleux quadrirotor Mazda ou le V12 BMW. Les voitures remontent jusqu'au Dunlop où elles vont retrouver le musée, jusqu'au lendemain. De mon côté, je ne réalise pas encore ce qui vient de se passer : merci à l'Automobile Club de l'Ouest d'avoir organisé une telle réunion de modèles mythiques, et surtout de mettre autant en valeur un tel patrimoine automobile.
Le lendemain, alors que nous approchons de l'heure de déjeuner, c'est au pied de la passerelle Dunlop que me positionne afin d'apprécier une seconde parade, plus roulante cette fois-ci. L'ACO a prévu deux tours du grand circuit des 24 heures pour l'ensemble des véhicules, ce qui va nous offrir un très beau spectacle réparti en plusieurs catégories, selon l'année des voitures. Quoi de mieux que la Ferrari 250 GTE, autrefois voiture de sécurité lors de l'édition 1963 des 24 heures, pour mener les légendes de la course ?
Les plateaux se succèdent jusqu'aux années 70, théâtre des premières victoires au général de Porsche. Voici, dans l'ordre, la 917K châssis 023, vainqueur de l'édition 1970, suivi de la 917 LH châssis 045 (abandon à la 18ème heure des 24h 1971), la 936/81 vainqueur en 1981 puis la 936/77 vainqueur en 1977.
Non loin derrière l'ère des prototypes laisse place aux monstrueuses Groupe C, dominées par des Porsche aux couleurs d'un célèbre cigarettier... Puis nous glissons vers l'ère des GT1, suivie de près par des LMP900 à cockpit ouvert très affutées, qui laisseront la place aux LMP1 dans avec l'avènement du WEC.
L'avantage majeur des deux tours de piste, c'est que l'on peut profiter d'angles variés, pour mieux capturer l'essence du moment historique que nous vivons.
C'est ensuite par une porte dérobée que les voitures retournent vers le musée, sous une haie d'honneur formée par les spectateurs de part et d'autre du chemin tracé par la sécurité du Mans. Regardez bien les photos, certaines réactions des spectateurs prouvent l'importance du moment...
C'est ainsi que se termine ce reportage sur les différentes parades du Centenaire des 24 heures du Mans, dont le maître-mot aura été "historique". Non pas seulement par le caractère passé des véhicules, mais bien par la qualité de l'organisation, de la présentation et des festivités autour de l'anniversaire. Ce ne sera pas de sitôt que nous reverrons autant de vainqueurs de la grande course au même endroit, alors j'espère que vous avez tout autant apprécié cette galerie que le plaisir que j'ai pris sur place, en immortalisant ces moments à tout jamais. Je vous laisse avec une grande galerie bonus de l'exposition du Centenaire qui se tenait dans le musée, où vous retrouverez la plupart des voitures de ce reportage accompagnées d'autres modèles historiques n'ayant pu rouler. Un grand merci à l'Automobile Club de l'Ouest pour la qualité de l'exposition et pour l'organisation d'une main de maître.